ADHYATMA DARSHANAM

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MEDITATION : 2.11.03

La dernière fois on a parlé des cinq koshas, les potentiels et limites matériels [oupâdhis] de l’être humain.  Les sciences du monde traitent aussi du même sujet.  Elles nous disent que nous avons un potentiel génétique causal [lingam, ânandamaya] qui détermine notre naissance, notre vie et notre fin; un aspect physique [annamaya], des besoins et émotions vitaux [prânamaya], des expériences, des mémoires, des désirs au plan mental [manomaya], un ego, la faculté de la raison et des croyances et aspirations profondes au plan intellectuel [vignyânamaya]. Mais la science matérielle limite notre définition de soi à ces cinq niveaux qui commencent avec la naissance et s’achèvent par la mort au plan de l’inconscient [avyakta, kârana, ânandamaya].

La Science de la Spiritualité et de la Méditation nous enseigne comment harmoniser les cinq niveaux humains inférieurs de notre être et comment les dépasser, comment dépasser les vagues incessantes du devenir [bhavasâgara] qui se termine dans la douleur du recyclage des contenus matériels de la conscience [samsâra, janmaja douhkha] à chaque niveau.  Elle nous enseigne surtout comment atteindre notre vraie identité immortelle, infinie, parfaite et divine.  On fait cela à travers :

-Prashna, la recherche spirituelle à travers la réflexion et l’interrogation,

-Aditi, la concentration sur l’immortel, l’impérissable en nous,

-Kaushalyâ, le dépassement des koshas et finalement

-Devaki, la réalisation du potentiel divin en nous.

Ces quatre étapes successives de la méditation, nous permettent d’évoluer spirituellement jusqu’à la réalisation intégrale de notre propre divinité.  Dans les Pouranas, ces quatre étapes sont les mères des quatre Avatâras, les quatre niveaux successifs dans la réalisation.

Toute la science de la méditation repose sur le Tapas : la capacité créative de faire face à l’obscurité [andhak, avyakta, avidyâ, antakâl] dans l’immobilité et de la transcender afin que l’immortel puisse se manifester en nous [avatâra].  Ainsi la méditation opère dans le Tapoloka où on harmonise les trois gounas [forces] :

Sattva- esprit éveillé, silencieux, paisible (gangâ),

Rajas- observation de l’activité respiratoire rythmée,

Tamas – posture assise ou endormie immobile.

Cette harmonisation génère Taposhakti, Tapobala.  Grâce à Taposhakti, l’énergie de transmutation, dans la méditation, Dhyâna, on arrive à une première vision de l’âme parfaite [Aum] dans son état facilement accessible [soulabha, âshoutosha], paisible [shamkara], calme et doux [shambhou].  C’est la vision de Shiva, l’âme [Aum] comme paix [sham] et bonheur [maya ou ânanda] au Shivalokam. Aum namah shambhavâya cha mayobhavâya cha……

Shiv est en effet associé à l’espace de pure conscience infinie et obscure [mahâkâli].  Dhyâna, la méditation à ce stade de la réalisation, se manifeste comme         :

Dhy- une attention pure, limpide, transparente, douce

Ana- ancrée dans le moment présent, ici et maintenant

 

Dhy- observation silencieuse et détachée de :

A- âkâsha, chidambaram Shiva, l’espace de la pure conscience

Na- Prâna, le souffle [shiva]

 Au Tapoloka, il y a une grande et profonde transformation qui s’opère au niveau de la conscience spirituelle grâce à la méditation.  Pendant la première réalisation de l’âme, âtmâgnyâna, comme la paix et le bonheur [sham et ânanda], il y a un ego spirituel [Jiva, moi] qui observe l’espace infini de la conscience [Shiva].  C’est le petit œil au centre du Shivalingam, la bulle [anou, bindou] au centre de l’océan de paix et de douceur.  Les Brahmâkoumaris présentent une image de cet état : Shiv comme une grande lumière et Jiva comme une étincelle de lumière. 

Mais graduellement grâce à l’activation du feu mystique au Trikouti, les désirs et pensées [kâma] sont éliminés [kâmadahana]. Grâce à  la pratique intense, on reçoit des enseignements mystiques [shikshâ] fraîchement et directement dans le présent [abhi] à travers l’intuition.  C’est cela qu’on appelle Abhishekam : la réalisation fraîche et directe qui commence à descendre graduellement dans l’espace de la conscience. Le bain spirituel de la réalisation, le baptême sacré.

 Ensuite, il y a la pure conscience, douce et rafraîchissante [Gangâ], qui émane du brahmarandhra, la porte vers brahma, dashamdvâra, la dixième porte mystique.  C’est l’ouverture de la porte vers la conscience supérieure, la supraconscience, la deuxième étape dans la réalisation de l’âme [Aum].  Cette deuxième étape est celle de Brahmâ, la conscience du Brahmânda, de l’univers, la conscience universelle, cosmique.  La conscience [chit], qui était bloquée dans la bulle intérieure [anou, bindou], s’est épanouie et s’est déployée dans les quatre directions : les quatre têtes de Brahmâ.  Ici on atteint le Brahmagnyâna, la conscience cosmique. On est l’univers dans sa totalité [Brahmânda, Vishvam] ; on est l’espace, le temps et la création qui évolue. On a l’impression d’être une immense conscience parfaite qui dépasse [qui apparaît comme existant à l’extérieur de] la conscience fragmentée et imparfaite liée au corps et à l’ego ; c’est la sphère extérieure de la supraconscience.  Ici il y a une plus grande paix, plus d’harmonie et de créativité.  On est en union constante avec la nature dans le présent, libéré de la sphère intérieure restreinte de la conscience, la bulle, le centre.  Il n’y a plus de concentration à partir du Trikouti ; il y a une immense attention, sans borne.

Finalement la conscience universelle, cosmique, de l’âme [chit] pénètre chaque entité [bindou, anou] et se voit en tout et partout [vishvam] à la fois.  Les Hare Krishnas l’ont exprimé comme Vishnou au cœur de l’univers et de chaque créatureVishnou est la somme et la base de Vishvam [la conscience universelle, la sphère extérieure de la supraconscience- Brahmaloka] et de anou [la conscience spirituelle individuelle, la sphère intérieure de la conscience spirituelle- Shivaloka].

Cette étape de la réalisation est une vision complète et parfaite de l’âme, Aum, comme la vérité, sat, comme la transcendante réalité, parâtpara, l’au-delà. Ainsi, Aum, l’âme est Sat [Vishnou : Satya nârâyana], Chit [Chinmaya brahmâ] et Ananda [Anandamourti Shiva]. C’est cela la logique derrière le concept de Trimourti, les trois sont inséparables. Ils sont la même vérité [Aum, atman, ritam, satyam] manifestée, à travers Tapas, à trois niveaux de la réalisation. Shiv, Brahmâ, Vishnou. Individu, cosmos, absolu. Jay Shiva aumkâra, Brahmâ Vishnou Sadâshiva...

 

LA MEDITATION ET LES TRIMOURTIS :

Shivji est représenté comme un homme mature tandis que Brahmâ est un homme d’âge mûr.  Shivji, qui est lié avec Jîva [l’individu], est le père de la création matérielle.  Brahmâ, qui est lié avec Brahmânda [vishvam], est le grand-père [pitâmaha] de l’univers dans sa totalité. Shivji s’assied sur une peau d’animal sur le sommet de la montagne ; son véhicule est un bœuf qui marche sur la terre ferme et qui laisse des traces qui durent assez longtemps sur la neige.  Brahmâ s’assied sur une fleur de lotus bien épanouie sur l’océan infini ; son véhicule est un cygne qui nage dans l’eau et qui en nageant laissent des traces sur l’eau ; ces traces s’effacent assez vite.

Shivji représente l’omniscience individuelle ; Brahmâ symbolise l’omniscience cosmique. Nul ne peut atteindre l’état de Brahmâ [brahmâloka] sans traverser celui de Shiva.  C’est la raison pour laquelle Shivji est offert une plus grande importance et une plus large vénération que Brahmâ.  Et c’est Shivji lui-même qui, en s’élevant dans sa vraie nature, devient Brahmâ, la conscience cosmique.  Et quand Brahmâ plonge au plus profond de lui-même [nâbham], il se réalise comme Vishnou, la conscience divine parfaite.

 Vishnou comporte Vishvam [brahmânda, Brahmâ, le cosmos] et Anou [jîvânda, Shiva, l’individu complet].  Vishnou, est la base, le support qui maintient et préserve [nou] : Vi [virinchi-le cosmos complet] et Sha [shiva, shankara, l’individu complet, accompli].  Vi +sha+nou= Vishnou.  Atteignant le monde de Vishnou, de la divinité, de la perfection, le yogi a accompli sa mission spirituelle et il atteint la libération [moukti] chez Moukounda Vishnou, sa nature suprême et absolue.

Selon le Bhâgavat Pourâna, Vishnou s’étale sur un lit de serpent au dessus de l’océan causal cosmique, d’où est né Brahmâ, la conscience cosmique.  Chez Brahmâ, la conscience cosmique, il y a la science complète de l’univers, Védamâtâ Sarasvati. De l’esprit créatif de Brahmâ, Shiva, la conscience individuelle, est née. C’est pour cela que Shiva est considéré le père du monde où nous vivons [Bhoutanâtha, Shambhou et Pârvati].  Vishnou est donc au-dessus de Vishvam et de Anou.  Quand l’univers et les entités sont détruits, il reste une base infinie et impérissable [Shesha Ananta].  C’est la demeure de Vishnou.  Aum tad vishnoum paramam padam sadâ pashaynti souraya….[Vedas]. 

Dans le Shivalingam, il y a trois lignes horizontales parallèles.  La première est noire [Roudra-Kâli], la seconde est claire [Brahmâ-Sarasvati] et la troisième est bleue [Vishnou-Lakshmi].  Nul ne peut atteindre la seconde ni la troisième s’il n’a pas franchit la première.  C’est pour cela que dans le Râmacharit Mânas, il est écrit que nul ne peut atteindre Vishnou, s’il n’a pas reçu la grâce de Shiva. Les trois shaktis de Vishnou, Nârâyana [la demeure divine] sont Bhoudevi [Pârvati], Shridevi [Sarasvati] et Nîladevi [Lakshmi]. 

Vishnou, la conscience divine parfaite, est transporté par l’aigle divin, Garouda, qui vole très haut dans le ciel, dans l’espace infini. Son trajet ne laisse jamais de trace derrière lui.  Garouda est l’esprit libéré de l’emprise et de l’attraction de la matière. Il possède une vision extraordinaire ; il peut voir clairement et distinctement les plus petits détails de très loin.  Des battements de ses ailes émanent les mâhâvakyas, qui proclament les quatre suprêmes vérités. Vishnou, la conscience divine de l’âme suprême, tient sous son contrôle l’espace [conque], le temps [disque], la puissance [massue] et la cause, l’évolution et le destin de l’univers et des êtres [lotus]. Il vit au Vaikountha [l’état parfait sans peur- bhavabhayaharam].  La finalité de toute pratique spirituelle est d’atteindre l’état de Vishnou, l’âme suprême, paramâtmâ, la suprême richesse [mâhâlakshmi]. Cet état est notre ultime réalité. Nous sommes Cela en vérité.

Cela ne sert pas à grande chose à prier et adorer les symboles, les dieux, et à essayer de solliciter leurs grâces et bénédictions car ils ne sont que des représentations des réalités que nous sommes.  Ainsi, ils ne sont que des expressions imagées de notre propre réalité à des niveaux différents de la conscience. Le vrai Dieu est ce que nous sommes en vérité au sommet de la conscience éveillée et passive. Réalisons cela et goûtons ici et maintenant au divin bonheur de notre suprême perfection, de l’Etre.  Nous sommes bien plus que ce que nous puissions jamais penser ou imaginer ! Laissons de côté la pensée et l’imagination et soyons l’Etre libre et parfait.

AUM TAT SAT

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