ADHYATMA DARSHANAM

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MEDITATION : 16.11.2003

La dernière fois on a parlé de la conscience limitée, fragmentée, inférieure qui vit dans le monde caractérisé par la naissance, la mort et le recyclage des contenus matériels de la conscience.  Cette conscience ordinaire se manifeste comme l’humain avec le corps, les émotions et les besoins, la pensée et le désir, la raison et l’intellect, et le potentiel génétique hérité du passé et ses limites qui déterminent son destin ici bas.  S’identifiant à cette conscience inférieure, on a la sensation d’être un corps, d’être des émotions et besoins, des vagues de pensée et du désir, des perceptions et jugements et d’être mortel et limité.  Cette conscience limitée et inférieure [chitta] qui limite sa propre définition de soi-même est liée au cinq Koshas, limitations.

Le destin du méditant qui a pu dégager le Taposhakti en lui à travers l’intense Tapasya : faire face au Tamas et dépasser la conscience limitée [humaine] en faisant exploser la graine de la divinité intérieure de l’être pour la faire germer. Tapas signifie essentiellement la couvaison spirituelle qui débouche sur l’éclosion d’une nouvelle création.

Grâce au Taposhakti, le yogi dépasse la mort et atteint Mrityounjaya. Pour atteindre la parfaite réalisation de l’âme, de son vrai être, il doit accomplir quatre autres étapes successives :

1.       Ainsi, Aum, l’âme, la divinité parfaite [Vishnou] se manifeste [avatâra] comme une graine de la divinité qui commence à germer, Prishnigarbha, le premier avatâra de Vishnou chez le yogi.  Incidemment, la mère de Prishnigarbha est Prashni, la recherche de la perfection à travers l’interrogation et la réflexion, et son père est Soutapâ, la pratique initiale de la méditation. Tapa signifie faire exploser une graine afin de la faire germer.  L’univers est supposément né après une explosion de la graine cosmique [tapasso’dhyajâyata] ainsi que chaque individu [méiose, mitose].

    *Selon les Pouranas, les facteurs initiaux qui provoque la manifestation de Vishnou sont Prashni [remettre en question, la recherche la vérité] et Soutapâ [la simple méditation].  Vishnou, la conscience divine, se manifeste comme Prashnigarbha [le fœtus divin], comme la graine immortelle de la divinité, qui en germant cherchera à se développer afin d’atteindre son but, son accomplissement suprême [samsiddhi].
 

 2.       Par la suite, le germe de la divinité [Prishnigarbha] va se développer en un petit arbre divin [Vâmana, le nain, un nom de Shiva]. Ce petit arbre de la divinité [Vâmana, Oupendra] va être soutenu par la canalisation constante de l’attention vers l’intérieur [Kashyapa Rishi, le père] et par la concentration constante sur la nature indestructible et immortelle de la conscience [Aditi, la mère]. Cette deuxième étape, Avatâra, possède la capacité de se développer et de s’élever vers les grands sommets [Ouroukrama, Trivikrama].

*Durant la pratique spirituelle avancée, Vishnou [l’âme suprême, Paramâtmâ, notre suprême réalité, Pouroushottama] se manifeste comme une petite lueur [Vâmana- le nain, Shiva], qui nous aide à traverser les trois mondes inférieurs [trivikrama] et à humilier l’égo [bâli] grâce à son immense potentiel.  Cette petite lueur divine est rejaillie par Kashyapa [pratyâhâra : rétracter ses sens et sa vision à l’intérieur] et Aditi [la foi de l’immortalité en nous]. La divinité à son état enfantin [Vâmana] se comporte déjà comme un héritier du royaume divin [Oupaindra].  En atteignant le monde de Brahmâ, le supraconscient, il fait rejaillir Gangâ, la pure conscience divine.

 

3.       Durant la troisième étape, Vishnou, la conscience divine se manifeste comme Râma et ses trois frères.  Le petit arbre a bien grandit et s’est épanoui et il produit des fleurs.  C’est l’étape de la supraconscience, Hamsa Brahmâ avec ses quatre têtes assis sur une fleur de lotus bien épanouie.  Cette troisième étape [Râmâvatâra] est nourrie par Kaushalyâ : le dépassement des limitations [koshas] et un bon héritage spirituel. Râma est soutenue par Dasharatha, les dix roues qui transportent le Dharma, la loi naturelle et universelle. Elles sont : les pratiques de : dhriti [la détermination], kshamâ [le pardon, la patience], dama [la maîtrise du mental], asteya [la non-corruption, honnêteté], shaucha [la pureté], indriyanigraha [la maîtrise des sens], dhîra [l’attention, le serieux], vidyâ [la recherche constante de la connaissance], satyam [la vérité, l’intégrité] et akrodha [la non-violence, la sérénité, la sagesse]. Arrivé à ce stade d’évolution spirituelle, la supraconscience réalise la grande sagesse de Gâyatri, Sâvitri, Sarasvati et Medhâ : l’art et la science de la spiritualité [les quatre shaktis de Brahmâ et aussi Sîtâ accompagnées de ses trois sœurs, Ourmilâ, Shroutakirti et Mândavi].  Arrivé à ce stade de son évolution, le yogi établit le règne de la supraconscience [râmarâjya, brahmarâjya] et trace le chemin vers la réalisation de la divinité [râmâyana, brahmâyana].

*Donc, Vishnou, la conscience divine, se manifeste comme la supraconscience [Brahmâ] habitamt la quatrième dimension [Râmâ et ses trois frères] et Il trace la route vers la divinité [râmâyana] et établit le règne de la supra-conscience [râmarajya].  Il va naître de Dasharatha [les dix vertus de Dharma] et de Kaushalya [un riche héritage divin, et le dépassement des koshas, qui ouvre la porte du supraconscient].

 

4.       Finalement, les fleurs vont produire et devenir des fruits ; c’est cela le but final de la graine. C’est l’étape de la manifestation [avatâra] de Vishnou, l’âme, comme Krishna, la conscience divine [Vishnou] qui se réalise dans sa totalité et sa perfection, pournâvatâra. Cette réalisation totale et parfaite de l’âme [sahaja samâdhi, brahmanirvâna] se manifeste à travers Devaki : le potentiel activé de la divinité et à travers Vasoudeva : la grande richesse spirituelle héritée des incarnations passées grâce au Tapas [daivi sampadâ]. Krishna, la réalisation totale de l’âme, la perfection de la conscience, s’associe constamment avec Balarâma, l’esprit méditatif, la base. Tout comme Vishnou, l’âme, qui est toujours associé avec Ananta Sesha, la base infinie de toute l’existence.  Arrivé à cette ultime étape, le yogi libéré, le jivanmoukta, possède la capacité de révéler la puissance complète de l’âme suprême et de laisser une trace indélébile dans l’histoire de l’humanité et de la spiritualité [Bhagavad Gîtâ].

*Donc, finalement, la conscience spirituelle se manifeste comme Krishna, le samâdhi ininterrompu, et révèle la puissance complète de l’âme suprême [pourna avatâra]. Il naîtra de Devaki [le potentiel divin] et Vasoudeva [la réalisation spirituelle] comme le huitième enfant, l’âme parfait. C’est l’étape de la réalisation parfaite de l’âme, la perfection suprême.

 

CONCLUSION :

Après avoir harmoniser et dépasser les cinq koshas à travers Tapas [Nivritti, le chemin intérieur], on libère notre conscience de ses identifications limitées et on se connecte avec notre vraie conscience immortelle et parfaite [amritam] qui se manifeste comme La Divine Présence, Sâkshi Bhoutam, qui est toujours présente et parfaite. 

Après une session de méditation, La Divine Présence [Vishnou, l’Etre Omniprésent] ne nous quitte plus.  On voit, autour de nous, toute la nature baignée dans une nouvelle lumière à travers une conscience plus éveillée, plus claire, plus fraîche, capable de grande beauté, d’admiration, d’expansion, de lucidité et d’amour [Lakshmi]. Aum satyam yashah shrir mayi, shrih shrayatâm svâhâ.

A chaque fois que notre esprit, notre mental se connecte avec le présent, le vrai instant éternel et infini, le vrai présent (cadeau divin) sans l’intervention de la mémoire, de la pensée, du passé, des soucis, des préoccupations, des excitations des émotions- durant ces instants-là La Divine Présence et sa Divine Grâce s’expriment [Shanno devir….]. Durant ces instants-là, on est libre, libéré de nos illusions, de nos préoccupations et de nos désirs insatiables.  On est parfait, libre [moukta], illuminé et sans borne. C’est cela le vrai but de la méditation. Le Nivritti [le regard dirigé vers l’intérieur] et le Pravritti [le regard pointé vers l’extérieur] se fusionnent en La Divine Présence.  On a déjà dépassé le Tapoloka, Nivritti, on est dans le Satyaloka, le monde de la vérité au Satyouga.

Puisque La Divine Présence est toujours avec et autour de nous, on atteint le Sâlokya Moukti : on se sent libéré [moukti] car on vit dans le même monde que l’Etre Parfait et Eternel. Isâvâsyam idam jagat : l’Etre habite cet univers. Et on est totalement rassuré dans notre foi en l’Etre Parfait. 

Graduellement, on sentira la Divine Présence nous envelopper constamment [brahma samsparsham] et se manifester en chaque entité. Ishvara sarva bhoutânâm : l’Etre est présent chez toutes les entités de l’univers. On atteint le Sâmipya Moukti : on se sent libéré car on est tellement proche [samîpa] de La Divine Présence. C’est un état rempli de grâce et richesse spirituelle…Aum amritopastaranam asi swâhâ…

Grâce à cette connexion constante entre notre esprit éveillé et supraconscient et La Divine Présence [Brahma samsparsham], on arrive facilement à s’identifier à l’Etre Suprême : Aham brahmâsmi : Je suis l’Etre Suprême.  On a la certitude que la conscience associée avec cette personnalité est identique [samâ] à La Divine Présence.  Cet état de libération est appelé Sâroupya Moukti.  On atteint le samâdhi, on atteint la forme [roupa] de La Divine Présence.

Finalement, tellement qu’on est absorbé en La Divine Présence qu’on perd notre identité, et notre connexion avec la personnalité est complètement et définitivement rompue.  On se fusionne [youja] en La Divine Présence, Sâyoujya Moukti : brahmanirvâna.  Il n’y a plus que La Divine Présence, parfaite, omniprésente, éternelle, inchangeable, incréée.  C’est cela le destin suprême [Mâhâ Lakshmi] de tout méditant.

Durant la pratique de la méditation, on apprend à se dissocier de notre conscience inférieure mortelle et recyclable et on s’identifie de plus en plus à notre nature suprême, immortelle et parfaite.  On fait cela grâce à l’observation silencieuse [sâkshi] de l’infinité de l’espace de la conscience [chid âkâsha] et en demeurant ancré dans l’éternité du présent [sat youg]. Ainsi, à l’instar du hamsa, le cygne qui sépare le lait de l’eau, on délaisse la pensée, le penseur, le désir et l’émotion [l’humain, le devenir] et on se fusionne avec l’espace et le présent [l’être].  En ouvrant les yeux, on fait la même chose. 

On est rarement conscient de l’espace et du présent pendant notre état d’éveil et pourtant c’est la base, le fondement de toute l’existence. A chaque fois qu’on est conscient de l’espace on est dans le présent face à l’infini. Pendant le sommeil profond, on est totalement fusionné avec l’espace de l’inconscient. On est absorbé par l’espace de l’inconscient et c’est pour cela qu’il n’y a pas de trace de cette expérience dans notre mémoire personnelle.

Pendant l’état de rêve, quand on est complètement fusionné avec l’espace du subconscient, on est absorbé par l’espace du subconscient et toute l’activité du subconscient. On est le rêve et son déroulement et il n’y a pas de mémoire car il n’y a pas d’ego séparé, de conscience séparée de l’espace du rêve.  Quand on n’est que partiellement fusionné, on retient notre ego, notre conscience limitée et ainsi notre mémoire enregistre le rêve et on expérience le plaisir et la souffrance associés au rêve.

 Pendant l’état d’éveil, en apprenant à délaisser les objets et à se focaliser uniquement sur l’espace infini et le présent éternel ; on est l’espace et le présent. La mémoire, la source de la pensée, devient inactive. S’il n’y a plus de pensée, donc il n’y a plus d’ego, plus de conscience séparée et limitée. Cette pratique engendre l’expérience de soi comme La Divine Présence, notre vrai être immortel, infini, incréé, parfait.  Vivre comme La Divine Présence, l’Etre Suprême, est le but de la science de la méditation et de la spiritualité. C’est ça l’art de vivre où toute notre vie est une méditation, un yoga.  On n’a plus besoin de pratiquer la méditation, on la vit constamment.  On est libre, affranchi, infini, éternel, parfait, illuminé, accompli.  On est Dieu. C’est l’état suprême de Vishnou, de Krishna, de Brahmâ, de Shiva. C’est cela que nous enseigne Adhyâtmâ Darshanam : la vision spirituelle.

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Il faut savoir que les mythes et les rites sont des symboles qui indiquent des profondes réalités ésotériques.  Ils sont là pour nous guider, nous rappeler et aussi pour faciliter la transmission de la sagesse.

Le symbolisme de la noix de coco par rapport à la spiritualité et la méditation.  La noix de coco est constituée de sept couches successives à l’image de l’humain.  Il y a la peau externe, la paille, la croûte et la coque : le plan physique, vital, mental et intellectuel.  L’intellect est le siège de l’ego, la coque, la dure carapace.  En brisant la coque, on obtient la peau interne, la crème et l’eau qui représentent respectivement la vraie conscience individuelle, la conscience cosmique et la conscience divine [l’élixir, amritam]. Les quatre premières couches sont inférieures et accessoires tandis que les trois couches internes sont essentielles.

 

Poujâ :

Avant la pratique spirituelle, traditionnellement, l'aspirant allume une lampe.  Cette pratique est symbolique car la lampe représente le corps; l'huile symbolise le corps fluidique, le périsprit, les impressions du mental; la mèche indique la vie biologique [l'espérance de vie, le souffle vital] tandis que la flamme est le symbole de l'âme, la lumière divine.  En fixant son attention sur la lumière de la flamme, l'aspirant cherche à stabiliser sa conscience sur la lumière de l’être qui se trouve au fond de sa conscience.  Une importante fonction de Agni, la lumière sacrée, est de nous élever [vahni] et de nous mettre en contacte avec la dimension spirituelle.  Parmi les cinq éléments – l’espace, l’air, le feu, l’eau et la terre – il n’y a que le feu qu’on doit faire jaillir car il est caché dans l’invisible, avyakta.  Les quatre autres sont toujours présents, accessible et ‘visible’.  Ceci nous donne une précieuse indication à propos de l’âme, qui est cachée dans l’invisible, avyakta, et de l’effort qu’il faut mettre afin de la manifester.  La découverte du feu par la race a grandement contribué au progrès et au développement de l’humanité.  La réalisation de l’âme [la lumière divine] contribuera à son épanouissement total et à son vrai bonheur.

Les articles de poujâ :

Lampe : la lumière de l’attention fixée sur l’Etre, dirigée vers le haut, vers l’ascension de l’esprit. Se libérer de l’obscurité.

Eau : développer la pureté de l’esprit et la transparence ; un mental pur dirigé vers l’âme ; une posture immobile et fluide

Fleurs : dégager des sentiments nobles et gais

Batons de Sandales : brûler les impressions entassées au niveau du corps causal et développer la capacité de ressentir la divine présence en nous et autour de nous

Encens : la nécessité de rester constamment éveillé et de prendre conscience de Soham. Aussi créer une atmosphère détendue.

Fruits : la nécessité d’offrir les fruits de toutes nos actions et de nous affranchir des conséquences

 

Les articles de Yagnya :

Kounda       : Trikouti, l’esprit éveillé, réceptif et immobile

Bois secs      : les membres du corps physique

Ghee            : le corps vital fluidique

Sâmâgri       : les ingrédients du corps mental- intellectuel

Graines        : les impressions du corps causal, qui attendent les conditions propices afin de germer et grandir

Feu              : Dhyâna- le feu de la méditation, samarpanam : l’offrande dans le feu sacré de tapas

 

          Voilà, les classes sur la science de la méditation et la spiritualité par rapport aux Pourânas arrivent à leur fin. Paix et bonheur à tous.

AUM TAT SAT- TAT TVAM ASI

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