ADHYATMA DARSHANAM

GAYATRI SADHANA SIDDHI

Réussir la pratique spirituelle à travers Gâyatrî

GAYATRI SADHANA SIDDHI

Gâyatri Mantra est sans conteste le mantra des Védas qui est universellement acceptée et respectée.  Elle occupe une place primordiale et détient une importance significative parmi tous les hindous.  En effet, s’il existe un mantra qui peut réellement unir tous les hindous sous un seul chapiteau comme une seule famille, c’est sans doute Gâyatri mantra.  C'est un mantra unificateur par excellence qui reflète parfaitement l'esprit des Védas et de Sanâtana Dharma, qui prêchent: Vasoudha-iva Koutoumbakam- le monde entier est comme une seule grande famille.  Le Rig Véda (X, 191-  3, 4), entre autres, recommande ceci:

Samâno mantras- samitis samânî, Samânam manas-saha chittameshât

(Que votre prière ou invocation soit  commune ! Que votre objectif soit commun! Que votre vision ou perception soit commune! Que votre façon de pensée ou  votre idéologie soit commune!)

Samânî va âkoûtis- samânâ hridayâni vah, Samânam astou vo mano yathâ vas-sousahâsati

(Que vos aspirations soient communes! Que vos sentiments soient communs! Que vos intentions soient communes! Parfaite soit l’harmonie parmi vous!)

    Les Védas prêchent l’unité et l’harmonie chez l’individu aussi bien que dans la société et le monde entier: l’Unité Globale et l’Harmonie Universelle.  Une belle prière védique, qu’on a déjà expliquée, qui refléte amplement cette philosophie de l’Unité Dans La Diversité à travers la Mutualité est: Sahanâv avatou  sahanau bhounaktou

Gâyatri Mantra, qui est considérée comme l’unique Mantra qui peut accomplir cette importante fonction unificatrice, comporte plusieurs facettes.  Dans ce présent chapitre, on va essayer d’examiner les importants aspects de Gâyatri et de démontrer Ses particularités et bienfaits.  Mais, il est d’emblée important de souligner que Gâyatri, comme mantra, est une intonation et une symphonie de vibrations invocatoires [Gâyatri chandas].  Ces vibrations sont comprimées dans le mantra, qui détient le potentiel et la puissance de nous lier à La Suprême Energie Cosmique et Divine [AUM] en nous.  Ainsi Gâyatri est comparable à une porte mystique qui peut s’ouvrir sur les dimensions occultes, cosmiques et divines de la Conscience qui se trouvent en chacun des êtres humains.  Mais cela requiert une compréhension intégrale de Gâyatri.  La Bhagavad Gîtâ révèle que: Gâyatrî chandasâm aham (10.35): parmi les hymnes invocatoires, Je [Le libérateur] suis Gâyatrî.  Girâm-asmy-ekam-aksharam (10.25): parmi les vibrations traduites en mots, Je suis le monosyllabe Aum, unique et impérissable.

Il faut savoir que sans une réelle ouverture de la conscience sur la dimension spirituelle [qui est la vraie forme de prière] l’homme est condamné à vivre comme un simple animal pensant et semi conscient, perdu et piégé dans un vaste monde qui le dépasse, le domine et le déroute. Gâyatri, il faut le rappeler, n’est pas une fin en soi.  Elle est considérée comme un moyen sûr et efficace de transformer la conscience de l'individu et de l’élever sur le plan spirituel où il peut s’épanouir et connaître le bonheur et le but de la vie.  Gâyatri est aussi une science mystique qui est liée à la puissance de la parole illuminatrice [Sarasvati, Vâk].  Elle est le Gourou qui nous enseigne la façon d’ouvrir notre conscience aux dimensions cachées et subtiles de l’existence. Gâyatri, qui dégage la puissance de Aum, est une arme spirituelle qui vise à éliminer l’obscurité de l’ignorance et à faire jaillir la lumière de l’âme [Sâvitri] dans la conscience de l’aspirant.  Donc, une bonne compréhension de Gâyatri, de Son potentiel et de Son objectif est plus que nécessaire pour en tirer tous les bienfaits. 

Gâyatrî prochyate tasmât gâyantam trâyate yatah: Ce Mantra est appelé Gâyatrî par ce qu’il a la capacité de libérer ceux qui le chantent avec pleine compréhension et réalisation.  Gâyatrî signifie donc Libération à l’invocateur ou au méditant.

AUM               : Invocation à L’Ame Suprême en chacun [Pranava] comme

BHOUH          : Etre, Existence

BHOUVAH    : Connaissance, Conscience

SVAH             : Bonheur, Plénitude

AUM               : L’Ame Suprême est:-

TAT                : Suprême Réalité Infinie

SAVITOUR    : Source de toute l’existence

VARENYAM : Extraordinaire, unique

BHARGO       : Resplendissant

DEVASYA      : Principe Transcendantal

DHIMAHI     : Méditons, Contemplons

DHIYO           : Intelligence

YO                  : Cet Etre Suprême

NAH               : Notre

PRACHODAYAT     : Guider et illuminer de l’intérieur

                                 : Elever de la matière à l’essence divine

                                : Etablir dans le Dharma

AUM   : Gloire à l’Ame Suprême Intérieure

Dharma, Artha, Kâma et Moksha sont les quatre Pouroushârthas, les buts et les richesses de la vie, prescrits dans les Védas.  Ils sont: la droiture [Dharma: la justice, la culture noble, l’éducation et la formation qui conduisent au bonheur], la richesse [Artha: matérielle/spirituelle, chercher un travail rentable, devenir indépendant et responsable], la procréation [Kâma: le plaisir naturel, les loisirs sains, fonder une famille, élever des enfants] et la libération [Moksha: se dévouer à une cause noble pour le bien-être d’autrui et pour s’affranchir de l’égoïsme contraignant].  Pouroushârtha est aussi traduit comme l’effort humain, et cela signifie donc qu’on ne peut atteindre ces buts naturels et légitimes que par l’effort personnel, l’engagement sincère et soutenu.  Pour recevoir la grâce [sham] de l’intérieur, l’effort personnel est le facteur déterminant.  Car c’est uniquement l’effort sincère qui peut faire jaillir la grâce en nous.  C’est pour cela que les écritures ont mis beaucoup d’accent sur le principe du Karma, l’action responsable et éclairée.  Ici bas, tout est acquis par la loi de Prâpti, le mérite, selon les Pourânas et les Védas. 

1.         QUELQUES  PARTICULARITES DE GAYATRI:

 (a) Mâhâmantra Gâyatrî: Elle est une grande [Mahâ] invocation spirituelle [Mantra].  Gâyatri signifie «La Présence de l’Etre qui libère ceux qui l'invoquent avec pleine réalisation- Gâyantam trâyate sah Gâyatrî». Elle est aussi «La Source originelle [Aum] d'où la création de nature trinitaire [tri] est issue [gâ] et où elle va se dissoudre [ya] finalement.»  Dans le Shiva Pourâna, le Shivalingam est défini en ces mêmes termes.  Gâyatri est aussi Avyakta, La Source Cosmique. Elle est Aumshakti, Adyashakti, Parâshakti, Pranavashakti, Yogamâyâshakti.  Selon les sages védiques, sans Sa Grâce nul ne peut trouver le vrai bonheur.  Elle n’est pas une déesse imaginaire mais la puissance de l’âme divine.

La Gâyatri Mantra, invoquée avec pleine réalisation, est un rythme vibratoire qui active La Suprême Energie et La Puissance de L’Etre en nous [Aum Shakti] à travers la méditation sur l’Etre qui est au-delà des trois états inférieurs de la conscience. Grâce à la pratique éclairée de Gâyatri, qui conduit [gâya] la conscience au-delà des trinités [tri], une connexion est créée entre le Vyashti-Prâna: l’énergie vitale de l’individu [Prânashakti] et le Samashti-Prâna [Pranavashakti]: l’énergie cosmique qui emplit et anime l’univers dans le Chidâkâsha, l’espace de la conscience illuminée.  Cette énergie cosmique est aussi connue comme Chitshakti ou Chitî.    Grâce à cette connexion, il y a un éveil et une actualisation du potentiel de l’être humain, qui ordinairement reste latent et inutilisé. 

Gâyatrî Mantra est l'unique Mantra qui peut se vanter d’être complèt car Elle contient à la fois la Glorification [Stouti, Bhajan], la Communion [Dhyâna-Oupâsanâ] et la Prière [Prârthanâ].  Ces trois parties constituent Tripâdâkshare (voir explication plus loin).

    (b) Gouroumantra Gâyatrî: Gâyatri Mantra est une arme spirituelle [astra] qui a pour but d'éliminer l'ignorance avec l'aide de la réalisation de l'âme.  Puisque l’âme est au-delà de toute particularité [gounarahitam] et de toute forme matérielle [roupavarjitam], c’est elle le véritable Gourou, parfait et infaillible.  Et ce n’est qu’à travers la méditation qu’on peut atteindre ce vrai gourou.  Selon la Bhagavad Gîtâ, l’âme, Esprit Suprême, est: Achintyaroupam âditya varnam tamasah parastât (8.9)-  de forme inconcevable par la pensée humaine, resplendissante à l’instar du soleil et demeurant au-delà des ténèbres de l’inconscient (avyakta).

Gâyatrî Mantra est connu comme Gouroumantra car elle agit comme le gourou qui nous instruit. Les maîtres spirituels s’en servaient pour expliquer tous les sujets spirituels aux disciples. Au moment de l'initiation, Gâyatri Mantra activée par Sa Puissance Dynamique [Icchâ, Gnyâna, Kriyâ Shakti] est transmise aux initiés à travers la fameuse cérémonie de Oupanayanam ou Gouroumoukha. Oupanayanam signifie l'ouverture du petit [Oupa] œil [nayanam] de l'esprit, le Trikoûti, le troisième œil, le Moukta Triveni, l'Agnyâ Chakra.  Agnyâ, le centre de la volonté spirituelle et de l’intuition, est une fenêtre mystique qui s'ouvre sur la quatrième dimension, sur la conscience spirituelle. Le principe du feu sacré, Agni, est supposé habiter l’Agnyâ Chakra. C’est le feu sacré de Agnyâ qui est capable de réduire en cendre toutes les impuretés de l’esprit et la perception illusoire de monde, Kâmadahana.  Ce feu sacré est aussi surnommé Trikâlâgni, le feu de la destruction du monde illusoire qui est emprisonné dans les trois modes du temps.  Il nous emmène au-delà des limites du temps, dans l’éternité de l’intemporel.  Il nous offre la capacité de connaître notre source, Jâtavéda.  Puisque l’activation de Agnyâ Chakra [disque de feu, de lumière] nous transporte dans la dimension sacrée, les sages appellent celui qui est passé par la vraie initiation de Oupanayanam un Dvija- celui qui a pris une deuxième naissance en esprit. Car son esprit s'est réveillé et peut voir le réel.

Gouroumoukha indique que Gâyatri Mantra nous met en face [moukha] de notre conscience supérieure [gourou].  Mais pour activer le feu sacré de l’Agnyâ Chakra, l’aspirant doit apprendre à écouter attentivement et étudier sérieusement  [Shravanam -l’écoute, l’observation constante], réfléchir profondément sur ce qu’il a appris et étudié [Mananam –la réflexion profonde et constante] et finalement, méditer dans la profondeur de son propre être sur le sens de la connaissance [Gnyâna] qu’il a reçue afin d’avoir une impérience personnelle et directe de la vérité [Nididhyâsanam].  Ce sont les trois pratiques [tri] essentielles qui nous permettent d’aller [gâya] dans la dimension sacrée de l’Etre.  Donc, il ne faut jamais oublier cette définition de Gâyatri comme La Méditation elle-même.  La Méditation comme étude de soi, réflexion et réalisation.

D’après une légende populaire, lorsque le brahmarishi Vashishtha toucha le troisième œil de Vishvamitra (alors surnommé Vishvaratha- signifiant 'encerclé par le mondain'), il se produisit un transfert d'énergie spirituelle, Shaktipât.  Immédiatement, Vishvaratha eut une réalisation qui, dans son esprit illuminé et  créatif, se manifesta comme Gâyatri Mantra, accompagnée de Ses sept Vyâhritis, les sept états de l'énergie cosmique, qui sont à la base de la création de l'univers.  Gâyatri, la Puissance de Aum, est ainsi représentée verbalement comme un Mantra, qui est constituée de mots, de vibrations et de silence.  Elle est aussi représentée iconographiquement comme Gâyatri Mâtâ, l'image d'une déesse, qui symbolise La Suprême Puissance Libératrice et Illuminatrice de Aum, Parâ Shaktî, selon la tradition pouranique.  Après cette réalisation, Vishvaratha devint Vishvamitra, l'ami [mitra] de tout le monde [vishva].  Les représentations symboliques [Mantra et Mâtâ] servent uniquement à la préservation et à la transmission d’une réalité et doivent être perçues comme des équations mathématiques, des présentations graphiques et des panneaux d’indications.  La représentation ou le symbole ne doit en aucune façon supplanter la réalité. 

Selon le Râmâyana, Vishvamitra initia Râma et Lakshmana aux moyens mystiques de développer les forces spirituelles- les armes telles que Bala, Atibala, etc.- pour vaincre les forces de l’obscurité [Nishâchâras] à travers Gâyatri Siddhi.  Et c’était grâce à ces armes, ainsi développées, que Râma et Lakshmana devinrent victorieux.  Selon Satya Sai Baba, Gâyatri Mantra est l’essence de Shrimad Râmâyana car les deux accomplissent la même tâche et visent le même objectif.

    (c) Sanâtanamantra Gâyatri: Gâyatri Mantra est une chanson spirituelle universelle, un moyen d'atteindre l'illumination et l'accomplissement de soi à travers la réalisation de la vérité suprême de l’Etre, que nous sommes essentiellement.  Elle peut être apprise et comprise par tous les enfants du monde entier indépendamment de l'âge, du sexe, de la religion, de nationalité et de caste.  Elle est liée à L’Etre en tous [Aum, Tat], incomparable et excellent [Varenyam], la source de l’existence [Savitour], La Mère des trinités, et La Lumière Resplendissante Incréée et Indestructible qui procure le parfait Bonheur [Bhargo Deva].  Ces neuf mots, notamment, Aum, Bhouh, Bhouvah, Swah, Tat, Savitour, Varenyam, Bhargo et Deva, les neuf noms ou aspects de l’Etre réalisés en Méditation, ont une importance cruciale et une résonance capitale dans la compréhension et la pratique de Gâyatri.

Gâyatri fait partie intégrante de la Sanâtana Dharma, la Culture Naturelle, Universelle et Eternelle.  Sanâtana Dharma est à tort identifiée et limitée à la tradition pauranique, où les rites et prières sont associés aux divinités mythiques, aux idoles et aux temples.  Cette définition restreinte et erronée de Sanâtana Dharma ne reflète aucunement Sa véritable grandeur, noblesse et richesse.  Pour vraiment comprendre Sanâtana Dharma, il suffit de bien comprendre le sens profond des deux mots- Dharma et Sanâtana Dharma signifie la culture qui inculque l’obéissance à sa propre nature, à sa fonction supérieure, à la loi naturelle.  Par exemple, la dharma du feu est de brûler, du soleil est de briller, etc.  Sanâtana signifie immuable, inchangé, constant et permanent.  Dans ce monde, qu'y a-t-il d'immuable et de permanent [sanâtana]? Une étude de la Bhagavad Gîtâ et des Oupanishads nous révèlera qu'il n'y a que l'âme, l’être, Atman, qui demeure inchangé et permanent.  C'est sa nature essentielle, sa dharma. 

    Nityah sarvagatah sthânour-achalo’yam sanâtanah (2.24): [L’âme est, de par sa propre nature, éternelle, omni-            présente, stable, immobile et immuable]

Ainsi, Sanâtana Dharma désigne la culture de l’obéissance à la nature essentielle de l'âme, âtmâ sanâtanah.  Cela se traduit dans le concret non pas comme les rites et l’adoration des divers dieux mais comme la réalisation que «je suis l'âme immuable, éternelle et parfaite [Soham âtmâ sanâtanah]» et comme la ferme conviction que l'âme réside en chaque individu sans distinction [sarvagatah], au-delà des apparences physiques et matérielles.  Mais cette réalisation ne peut être acquise qu'à travers la purification du corps [par le Karma Yoga: l'action éclairée] et du cœur [par le Bhakti Yoga: l'affection éclairée] ainsi que par le dépassement et l'effacement de l'ego [Dhyâna Samadhi] qui survient grâce à la connaissance de soi [Gnyâna Yoga: la connaissance éclairée].  L’ego est le Mahishâsoura, le démon (asoura- la brute) aux formes multiples, qui règne (îsha) sur le plan inférieur et matériel (mahi).  La réalisation spirituelle est rendue possible grâce à la pratique de Gâyatri Sâdhanâ ou Sandhyaupâsanâ, la communion spirituelle.

 Une autre réalité qu'il faut bien comprendre à ce stade est la différence qui existe entre Bhakti et Prema, car les deux mots sont généralement traduits comme amour et dévouement.  Bhakti signifie l'amour qui émane du cœur mais qui est dirigé vers notre propre être intérieur. Par contre, Prema est l'amour émanant du cœur qui est dirigé vers l'être qui habite en chaque créature sans distinction.  C'est en effet Prema qui se traduit concrètement dans la réalité comme Charité, Compassion, Commisération, Tolérance et Non-violence.  Il n’y a que Prema qui puisse faciliter la réalisation de Sanâtana Dharma et de Vasoudha-iva Koutoumbakam.  C’est pour cela que les écritures ont placé Prema sur la plus haute marche de la réalisation spirituelle.  Prema est en réalité la plus subtile et sublime manifestation de l’intelligence.  Elle est de par sa nature resplendissante et expansive.  On ne doit jamais l’associer avec la croyance aveugle, l’immaturité sentimentale et la confusion mentale.

   (d) Sâvitri: Gâyatri [comme la puissance de l’Etre] entretient un lien mystique - extérieurement, avec l'énergie solaire vivifiante [Savitar des Védas], qui anime, illumine et active tous les êtres et planètes du système solaire, et -intérieurement, avec la conscience âtmique [Adhiyagnya], qui se rayonne du noyau central de chaque individu.  Savitâ et Adhiyagnya sont Nârâyana, L'Etre Suprême dans certains Pourânas. Par ailleurs, La Bhagavad Gîtâ nous explique (8.4):Adhiyagnyo’ham evâtra dehe: Je suis «La Pure Conscience», Adhiyagnya, demeurant dans ce corps, comme la vraie Divinité, Paramâtmâ, I’ImpérissableAuparavant, au chapitre 7, Gîtâ précise également que c’est Paramâtmâ ou Adhiyagnya, animant notre cœur, qui est notre vrai protecteur et bienfaiteur.  Il est Yagnyeshvara, le Seigneur digne de reconnaissance et qui récompense tous nos efforts et sacrifices.  Au chapitre 13, verset 22, il y a une étonnante révélation sur la vraie Divinité intérieure: l’Esprit Supérieur qui réside dans ce corps est en vérité l’Ame Suprême [Paramâtmâ].  Il est connu comme Témoin, Permetteur, Préservateur, Jouisseur, Seigneur Suprême.  Par la suite, au verset 33: Bhârata, tout comme il n’y a un seul soleil qui illumine et anime notre monde entier, de la même façon, il n’existe qu’une seule âme [kshetri ou kshetragnya] qui illumine et anime le champs [kshetram- le corps] de tous les individus.

Il faut souligner que Gâyatri Mantra est principalement un rappel de la Puissance de l’Etre [Savitour] qui, comme le soleil, anime, illumine, et règne sur, les trois dimensions de l’existence et les trois états de la conscience [tri].  Un rappel pour qu'à travers Elle on puisse se réveiller, élargir son attention et illuminer et fortifier sa capacité intuitive [dhî].  Cela afin qu’on puisse être toujours inspiré à suivre la voie de Dharma, la vraie culture, qui conduit à l’épanouissement et au bonheur.  Pour les anciens, le soleil [Ravi, Soûrya, Bhânou, Bhâskara, Poushan, Aditya, Divâkara, etc.] était un symbole mystique et une représentation parfaite de l’énergie animatrice et illuminatrice de l’Etre.  Le soleil est source de vie et de lumière [Savitâ] dans la création.  C’est une puissance extraterrestre qui contrôle et règne sur l’évolution et le destin de la Terre et de ses habitants.  Les trois pas [tripâda] du soleil sont aube, midi et crépuscule.  Tout comme l’âme, le soleil exige qu’on l’approche avec révérence et humilité.  Nul ne peut daigner regarder le soleil en face car il court le risque de perdre la vue.  Après avoir vu le soleil, la vision de l’individu est envahie par l’obscurité.  Cette obscurité est la preuve de la vision du soleil.  L’obscurité comme symbole de lumière! Qui l’aurait cru? Quel paradoxe!  Pourtant c’est vrai. C’est pour cela que le Shivalingam, qui est le symbole de lumière, est noir. Il faut aussi savoir que même la lune [symbole du mental], satellite de la terre, ayant une influence majeure sur la vie terrestre, emprunte sa lumière et son énergie du soleil [symbole de l’âme].  Par cette analogie, on arrive aisément à deviner les traits majeurs de l’Etre. C’est justement pour cette raison que les anciens sages vénéraient le soleil comme un représentant de l’Etre Suprême [Soûrya Nârâyana].

    (e) Vedamâtâ Gâyatrî: Gâyatri, comme une dimension sacrée, est considérée comme Celle qui possède [vati] l'essence, le jus concentré [saras] de la Sagesse, Sarasvati.  Elle est l'essence des Védas, qui prêchent l'Unité dans la diversité [Ekam sat viprâ bahoudâ vadanti, Eko'ham bahousyâmi]. 

Sârabhûtâsta vedânâm gouhyaupanishadautamah

Tâbhyah sâbhyah sârastou gâyatrî tristro vyâhritayas tathâ

    [Les enseignements secrets des Oupanishads constituent l’essence des Védas;

     et l’essence des Oupanishads est  Gâyatrî accompagnée de ses Vyâhritis.]

Eva yastou vijânâti gâyatrî brâhmanastou sah
Anyathâ shoudradharma syâd vedânâm api pâragah

[Celui qui reconnaît ainsi la grandeur de Gâyatrî est un brâhmana, un esprit supérieur, tandis que celui qui ignore cette réalité, même s’il est un érudit qui a maîtrisé les quatre Védas, celui-là est en effet un ignorant.]

Yâ sandhyâ sa-iva gâyatrî dvidhâ bhûtâ vyavasthitâ

Sandhyâ oupâsitâ yena vishnous tena oupâsitah

[Gâyatrî et Sandhyâ (méditation et communion) sont identiques, elles ne sont pas deux choses différentes.  Celui qui a accompli la pratique de Gâyatri par la communion, il s'est en effet approché de l’Ame Suprême Omniprésente (Vishnou).]

Gâyatrî vedajananî gâyatrî pâpanâshinî

Gâyatry âstou param nâsti divi cheha cha pâvanam

[Gâyatrî est la mère des Védas [révélations spirituelles]; Elle est destructrice des impuretés et péchés de l'esprit.  Il n’existe aucune puissance sur terre ou dans le ciel qui possède cette capacité purificatrice de La Gâyatrî.]

      Selon les Védas, l'Unité réside chez Pourousha, L'Esprit Suprême, L'Ame, tandis que la diversité prédomine chez Prakriti, La Forme Dynamique de L’Etre [Mâyâ].  Gâyatri Mantra démontre clairement que La Conscience Suprême est chantée comme Aum à travers les Védas. Aum est révélé à travers Shabda-Brahma, suprême parole illuminatrice.  Elle n'est pas simplement un mot de la langue sanscrite.  Aum rayonne et résonne indistinctement d'une façon uniforme à l'intérieur de chaque être, comme on l’a déjà démontré. 

     Gâyatri Mantra, comme l’essence de la philosophie Advaita [qui signifie sans deux ou sans dualité], décrit Aum [Atman, Brahman] comme Bhoûr-bhouvah-swah: Etre-Conscience-Plénitude [Sat-chid-ânanda, Asti-bhâti-priya].  Aum est l’Etre Passif, Transcendantal, Akshara Brahma, Akarta Brahma.  Par ailleurs, Gâyatrî Mantra spécifie que Aum est La Suprême [Tat] Source Cosmique [Savitour], Créatrice des trinités [corps physique, corps émotionnel et corps mental et aussi monde physique, monde astral fluidique et monde causal], qui est unique et excellente [Varenyam].  Ce principe transcendantal [Deva] est décrit comme Ishvara, le Souverain Suprême de la création. Ishvra est Brahman en activité, Karta Brahman, Adhidaivam. Gâyatri nous conseille également de méditer [Dhîmahi] sur Aum comme Etre Resplendissant Incréé [Bhargo] et Immatériel [Devasya].  Cet aspect suprême de Aum est Paramâtmâ, Antaryâmi ou Adhiyagnya, et Il habite au plus profond de la conscience comme la base de l’expérience, l’Ame, l’Esprit Suprême.  Cette chanson, cette reconnaissance et cette méditation n'ont d'autre but que l'Eveil et l'Illumination [Prachodayât] de la conscience, de l’esprit [dhiyo].  Et dans le Advaita Darshanam, on appelle cette illumination : Atmâgnyâna et Brahmavidyâ.  Si quelqu’un a vraiment réalisé Gâyatrî, il n'y a pas de doute que l’adoration des divers devas, des gourous, la pratique des rites et cérémonies, l'acceptation des concept limités, etc. n’auront plus leur place chez lui.  Son attention est focalisée sur l’Etre, l’Esprit Suprême en lui et en tous.  Sa pratique spirituelle devient extrêmement simple et directe.

    Il faut savoir que Gâyatri Mantra apparaît dans le Rig Veda comme le dixième Mantra dans le soixante deuxième Soutra de la troisième Mandala.  Par la suite, Elle va aussi figurer dans le Sâma Veda et le Yajour Veda.  Les trois parties Tripâd-âkshare de Gâyatri Mantra représentent les trois grandes affirmations védiques: Pragnyânam Brahma [Rig Veda]: «La Pure Conscience chez l'homme est l’Etre Suprême [Aum ou Brahman]»; Ayam Atma Brahma [Atharva Veda]: «Cette Ame, La Pure Conscience, est identique à l’Etre Suprême», et Tat Twam Asi [Sâma Veda]: «Tu es Cela».  La réalisation de ces trois affirmations védiques conduit à La Suprême Vérité: Aham Brahmâsmi [Yajour Veda]: «Je suis L'Etre Suprême».  Et ce n’est donc pas un hasard qu’arriver à cette conclusion, le Yogi utilise le mot Aum pour désigner l’Etre Suprême et pour se fusionner dans la Conscience Divine. 

     Il faut souligner que Aum n’est pas un mantra comme les autres;  Aum est Shabda-Brahma, la réalisation de l’Etre comme Suprême Conscience Incréée.  Gâyatri [la méditation au sein de l’espace de l’Etre, qui est au-delà de la diversité] lie la conscience de l'aspirant à Aum et ainsi la compréhension de Shabda-Brahma déclenche en lui le Soham ou Hamsa- Je suis Cela.  Cette conscience de Hamsa se traduit dans le mouvement de la respiration: So ou Sah [Cela] associé avec inspiration et Ham [Je suis] lié avec l'expiration.  Soham est agit comme un pont entre Shabda-Brahma, la réalisation de l’Etre et Brahma-nirvâna, la fusion dans le silence l’Etre, qui est à la fois Vide [Shounya] et Plénitude [Pourna].  Shabda-Brahma et Brahma-nirvâna sont au-delà de la dualité.

    C'est justement pour démontrer que Soham ou Hamsa est la base de Gâyatri que Gâyatri Mâtâ, une représentation iconographique de Gâyatri Mantra, est dépeinte comme une déesse assise sur un cygne blanc [hamsa en sanscrit].  La pratique de Gâyatri [comme communion avec l’Etre et non comme simple récitation magique] doit donc impérativement déboucher sur la réalisation de Hamsa, Je suis Cela [Atman]. La particularité du cygne est qu'il possède cette extraordinaire capacité de nager dans les eaux boueuses sans se souiller, d’où sa blancheur immaculée.  Il détient aussi la capacité de séparer le lait et l'eau dans un mélange [nîra-kshîra-viveka].  C’est le discernement entre le périssable et l’impérissable.

     Pour certains, la récitation éclairée de Aum sert de préparation, de préliminaire à la méditation.  Selon une tradition mystique, la récitation éclairée de Aum à vive voix associée à une profonde attention peut transporter l’aspirant au seuil de la méditation, la septième étape du Yoga.  C’est une expérience à tenter! Aumkâram bindou samyouktam…. L'association de Hamsa [Soham] à Aum fait partie intégrante de la Sanâtana Dharma pour la simple raison que les deux sont des paroles naturelles qui émanent de chaque individu animé par l'âme [sanâtana âtmâ].  Celui qui reste constamment établit dans cette dimension supérieure [Paramam] est appelé un Paramahamsa, cygne suprême

    (f) Yogamâtâ Gâyatrî:  Gâyatri Mantra nous donne également une claire indication quant aux Yogas à pratiquer comme exercice spirituel.  Aum-Bhoûr-bhouvah-swah indique le Gnyâna Yoga, la voie de la connaissance et de la sagesse: [Quelle est la nature de l’Etre, de l'Ame, de Aum?]  Aum-Tat-savitour-varenyam indique le Bhakti Yoga, la voie de l'amour et du dévouement: [Qui est cet Etre, Aum, digne de réalisation?]  Bhargo-devasya-dhîmahi indique le Râja Yoga, la voie de la discipline et de la méditation: [Comment réaliser l'Ame Suprême?]  Dhiyo-yo-nah-prachodayât-Aum indique le Karma Yoga et le Sahaja ou Kaivalya Yoga, la voie de l'Illumination et de l'Action Eclairée: [Quels sont les effets et bienfaits de cette communion avec l’Etre Suprême?] 

       Il existe une autre explication: Aum Bhoûr-bhouvah-swah représente les trois pratiques de base, notamment, âsana-prânâyama-pratyâhâra, qui sont une bonne posture, la bonne respiration et le retrait de l'esprit sensoriel à l'intérieur de soi.  Asana se fait sur la terre [Bhouh], la respiration yoguique s’exécute avec l’air et le prâna [Bhouvah], alors que le retrait des sens se fait au niveau de l’espace du mental [svah].  Aum Tat-savitour-varenyam représente l'étape de la concentration de l'énergie de l'esprit et du cœur en un point spécifique afin d'éviter toute dissipation, dhâranaBhargo devasya dhîmahi indique la pratique de dhyâna, la méditation de l'âme. Finalement, Dhiyo-yo-nah-prachodayât-Aum symbolise le stade de samâdhi, Illumination de la conscience, la réalisation de l’âme et la suprême libération de l'illusion.

 

    2. L'INTONATION DE LA CHANSON:

 Selon les écritures, une intonation appropriée, juste, harmonieuse et méticuleusement exécutée est exigée pour que le Mantra chanté puisse être vraiment efficace car les vibrations spirituelles du Mantra agiraient directement sur nos facultés intellectuelles, intuitives et spirituelles.  Ici, c’est la qualité qui prédomine sur la quantité.  Une bonne prononciation et un rythme harmonieux produisent ensemble les meilleurs effets sur l'esprit, la faculté mentale.  Pourquoi cette exigence rigide?  Tout simplement pour se préparer à développer une attention éveillée, avertie et consciente [dhî].  Car c’est uniquement grâce au maintien de cette attention suprême [dhyâna] que l’aspirant spirituel peut espérer s’établir dans la supraconscience [samâdhi] au monde de la Vérité [satyaloka].  Pour cela, il est primordial que toutes les facultés mentales et psychiques s’harmonisent avec, et se fusionnent en, cette attention constante et intégrée dans l’espace infini de la conscience [chidâkâsha]. 

 Durant la chanson, qu'elle soit vocale ou mentale, il est strictement conseillé de méditer sur l’espace spirituel au Trikoûti [le troisième oeil] et de contempler le sens du mantra.  C’est mieux de chanter le mantra mentalement et avec attention, sans aucun mouvement des lèvres; cela évite une dispersion de l’énergie. Donc, sans la bonne intonation, sans la bonne méditation mais surtout sans la bonne compréhension, la chanson de Gâyatri ne sera jamais efficace.  Si Gâyatri Mantra est la plus grande et la plus puissante des intonations, il est évident sa pratique exige la plus grande préparation et formation de la part de l’aspirant.  Le but de cette pratique étant, il ne faut jamais cesser de le répéter, de nous élever du monde des rêves et des illusions au monde de la vérité.

    3. GAYATRI MAHAMANTRA: Une Analyse.

Comme déjà expliqué, Gâyatri signifie dépasser [gâya] l’ensemble des trinités [tri].  Le mot Mantra se traduit comme délivrance du mental ou protection [tra] au mental [mana].  Gâyatri signifie également un chant [Gâya] qui comporte trois sections [tri].  Les trois parties [tripâda] sont: 

*Aum Bhoûr Bhouvah Swah- une description de l’Ame [Aum] comme Etre-Conscience-Plénitude et comme la Source, la Substance et le Soutien des trinités telles que la terre-l'atmosphère-le ciel, la dimension physique-astrale-spirituelle, le corps-l'esprit-l'âme, l'éveil-le rêve-le sommeil profond.  Dans la littérature spiritiste, Bhour-bhouvah-swah indiquent les trois aspects de l'homme, notamment, le corps, le périsprit et l'âme.  Les trois mots représentent aussi les trois mondes de l'homme: le monde des vivants [bhouh], le monde des esprits inférieurs [bhouvah] et le monde des esprits supérieurs [swah].  Le périsprit est le corps fluidique et vibratoire de l'homme qui subsiste après la mort dans la mémoire des vivants.  Il peut être grossier ou raffiné, selon la nature de ses vibrations et fluides qui sont à leur tour déterminées par Karma Vâsanas [les empreintes des actions et activités] et Sampada [l’héritage génétique].  Pour plus de détails veuillez consulter la Bhagavad Gîtâ Navagnyânârtha Darshanam du même auteur.

*Aum Tat Savitour Varenyam Bhargo Devasya Dhîmahi- une louange et une contemplation de l’Ame [Aum] comme L'Etre Suprême qui est Source Cosmique et Pure Lumière Divine. Savitour indique aussi la quatrième dimension [tourîya], la supraconscience, où il faut pénétrer à travers la méditation.

*Dhiyo Yo Nah Prachodayât Aum- une prière adressée à l’Etre [Aum] pour qu'Il guide, inspire et illumine notre intelligence et notre attention grâce à Sa Lumière [Sâvitri] qui se trouve en chacun de nous comme l'Essence de notre Etre [Sarasvati].  Il faut souligner que la version de la Gâyatri susmentionnée n'est qu'une forme abrégée de l'originale.  Le Mantra dans son intégralité, comme chanté par Vishvamitra, est comme suit:

Aum Bhouh  Aum Bhouvah  Aum Svah  Aum Mahah  Aum Janah  Aum Tapah  Aum Satyam

Aum Tat Savitour Varenyam Bhargo Devasya Dhîmahi Dhiyo Yo Nah Prachodayât

Aum Apo-Jyotir Raso-Mritam Brahma Bhoûr Bhouvah Svar Aum

Ce Mantra intégral est généralement utilisé pendant l’exercice de Mantra-Prânâyâma associé à des Moudrâs spécifiques en vue de réveiller et de faire monter [ourdhva] l’énergie psychique [rétas] de sa base jusqu’à son apogée. La Shaktî de Gâyatri Mantra est symboliquement représentée par la Déesse Gâyatrî Mâtâ, La Mère Divine ayant cinq visages ou facettes [Pancha moukhî] et dix bras ou fonctions [Dashabhoujâm].  Elle est représentée par une déesse car la Puissance [Shaktî] que recèle Gâyatri est Adi-Shaktî, Pranavashaktî- L'Etre [Aum] comme La Puissance Divine Originelle, qui est la Source, le Support et la Finalité de la Création.  Cette énergie est présente dans l'énergie/la lumière du soleil et dans celle de l'âme.  C'est pour cette raison qu'Elle est intimement liée à l'énergie solaire [Savitâ].  Elle est aussi Puissance, Intelligence et Lumière. 

Certains textes considèrent les cinq visages ou facettes de Gâyatri comme les cinq éléments de base [Pancha Bhoûtas] à partir desquels est formé l'univers , les cinq couvertures de l'âme [Pancha Koshas], et les cinq énergies vitales [Pancha Prânas].  Les cinq éléments sont: la terre [visage verdâtre], l'eau [visage transparent], le feu [visage doré], l'air [visage blanchâtre] et l'espace [visage bleu].  Ces cinq éléments constituent le champ de l'expérience, le Kshetra, le monde matériel.  Les dix bras de Gâyatri Mâtâ indiquent la purification des cinq organes ou instruments de l'expérience matérielle et les cinq capacités spirituelles qui doivent émerger. 

Les cinq instruments, qui sont associés à des capacités sensorielles et expérientielles sont l'ouie- la capacité d'entendre [symbolisée par Shankha- la conque], les yeux- la capacité de voir [Chakra- disque], le nez- la capacité de sentir [Aravinda- fleur], la langue- la capacité de goûter et de parler [Shoubram Kapâlam, Annam- pensée pure et nourriture pure], la peau /main- la capacité du toucher, de l'action et de la sensitivité [Gadâ- massue]. Les cinq capacités spirituelles générées par la méditation sont: victoire sur la peur [Abhaya Moudrâ], la réussite assurée de toutes les entreprises [Varada Moudrâ], la maîtrise des énergies inférieures [Kashâ- le fouet], l'amour/le lien cosmique [Gounam- le bracelet en or], l’indépendance et l'autorité [Ankousha- la hache /la lance].

Les quinze yeux de Gâyatri sont les trois Aum, Bhour-Bhouvah-Swah, Tat-Savitour-Varenyam, Bhargo-Devasya-Dhîmahi, Dhiyo-YoNah-Prachodayât. Les trois yeux sur chacun des cinq visages sont: les trois gounas [Sattva-Rajas-Tamas: équilibre, activité, inertie], les trois modes du temps [passé-présent-futur], les trois phases de la création [création-préservation-destruction], les trois mondes [physique-mental-causal] et les trois états de la conscience [éveil-rêve-sommeil]. Le Siège de Lotus [padmâsana] sur lequel est assise la déesse symbolise une conscience spirituelle fleurie, épanouie et aussi le siège de la conscience, l'esprit.  Les huit pétales de la fleur symbolisent également l’omniprésence de La Conscience épanouie dans les huit directions qui sont sous son emprise [Dikpâla].  Au centre du lotus est Jîva, la conscience individuelle qui peut s’épanouir et se déployer dans les huit directions. 

 Les cinq perles incrustées dans les chaînes autour du cou et les deux autres dans le diadème de Gâyatri Mâtâ sont les sept chakras, qui sont liés aux sept Vyâhritis.  Les sept chakras, qui sont symboliquement placés dans le canal psychique central, Soushoumna, sont activés de bas en haut grâce à l'exercice de Mantra-Prânâyâma en associant chaque Vyâhriti avec Aum: Aum Bhouh [Moûlâdhâra Chakra], Aum Bhouvah [Svâdhishthâna Chakra], Aum Swah [Manipoura Chakra], Aum Mahah [Anâhata Chakra], Aum Janah [Vishouddha Chakra], Aum Tapah [Agnyâ Chakra] et Aum Satyam [Sahasrâra Chakra]. 

 Les deux côtés de la guirlande qu'elle porte autour du cou représentent Idâ et Pingalâ, les deux canaux psychiques subsidiaires, qui sont activés par l'énergie lunaire [à gauche] et solaire [à droite].  Ces deux canaux traversent des deux côtés de la colonne vertébrale de Medulla Oblongata jusqu'à l'anus.  Soushoumnâ, par contre est connecté à l’axe central de notre organisme, l’épine dorsale du corps astral fluidique [mental].  Soushoumnâ est activé par le feu mystique, Vahni.  Les cinq chakras inférieurs se trouvent dans ce même canal mystique.  Le Agnyâ chakra est le point où le troisième œil et le sixième sens sont connectés.  Ici c’est un mélange de lumière et de prâna qui offre la possibilité d’avoir une vision extrasensorielle. 

 Les autres pierres précieuses que porte la déesse représentent les différentes vertus qu’offre Gâyatri.  Ses deux jambes représentent la danse de la matière et de l'énergie, qui est à la base de la création.  Ainsi, il y a au bas une trinité [tripâda]: Bhoûr-Bhouvah-Svah, représentée par la matière [jada], la force vitale [prâna- la vie biologique] et la conscience [chaitanya].  Cette trinité n'est qu'une expression de La Pure Conscience [Aum ou Chit].  Le croissant de la Lune sur la tête de la déesse symbolise la Paix transcendantale [sham] que procure Gâyatri [la vraie méditation] aux aspirants sincères et aux adeptes. Son Aura Lumineux est Aum.  Ses cinq têtes ou facettes sont aussi: Apo [Cause/ Source Originelle, Océan Causal], Jyotih [Lumière Incréée], Rasa [Substance Cosmique], Amritam [Energie Eternelle], Brahma [Conscience Suprême].  L’image de Gâyatrî Mâtâ recèle tant de richesses spirituelles.  Les méditants avertis et éveillés sont capables de les déceler et décrypter correctement.

 A propos des sept Vyâhritis, il y a un autre secret qui vaut la peine d’être connu et compris.  Les sept Vyâhritis symbolisent les sept niveaux successifs de la conscience de l’homme.  Chaque niveau possède ses propres besoins et aspirations qui doivent être satisfaits, sans commettre d’infraction à la loi de Dharma, afin que l’individu puisse progresser dans les différentes étapes de la vie et atteindre l'épanouissement et le vrai bonheur.  Le blocage à un niveau spécifique est communément appelé une fixation ou une obsession.

Bhouh: les besoins physiques de la survie

Bhouvah: les besoins émotionnels de la sécurité

Swah: les besoins psychologiques de l’adaptation

Mahah: les besoins supérieurs de l’expansion

Janah: le besoin profond d'un lien avec la source

Tapah: le besoin intense d'une transmutation de la conscience

Satyam: le besoin fondamental et universel de connaître la suprême vérité libératrice et illuminatrice.

 Avant la pratique de Gâyatri, traditionnellement certains dévots allument une lampe.  Cette pratique est symbolique car la lampe représente le corps; l'huile symbolise le corps fluidique, le périsprit; la mèche indique la vie biologique [l'espérance de vie et aussi les impressions du mental] tandis que la flamme est le symbole de l'âme, la lumière divine.  En fixant son attention sur la lumière de la flamme, l'aspirant cherche à stabiliser sa conscience sur la lumière de l’être qui se trouve au fond de sa conscience.  Une importante fonction de Agni, la lumière sacrée, est de nous élever [vahni] et de nous mettre en contacte avec la dimension spirituelle.  Parmi les cinq éléments – l’espace, l’air, le feu, l’eau et la terre – il n’y a que le feu qu’on doit faire jaillir car il est caché dans l’invisible, avyakta.  Les quatre autres sont toujours présents et ‘visible’.  Ceci nous donne une précieuse indication à propos de l’âme, qui est cachée dans l’invisible, avyakta, et de l’effort qu’il faut mettre afin de la manifester.  La découverte du feu par l’homme a grandement contribué au progrès et au développement de l’humanité.  La réalisation de l’âme contribuera certainement à son épanouissement total et à son vrai bonheur.

5.  LES BIENFAITS DE GAYATRI MANTRA:

   La puissance illuminatrice et libératrice de Gâyatri générée à travers la vraie méditation, en fusionnant Prânashakti et Ishvarashakti au Chidâkâsha, nous offre: la capacité de l'intuition, la sagesse, la prospérité, la pureté et la libération.  Par ailleurs, elle nous octroie: longévité, bonne santé, brillance, illumination, chasteté, honnêteté, intégrité, douceur de parole, pouvoir de guérison, pouvoir de transmettre l'énergie spirituelle aux autres, humilité, vision spirituelle, le service désintéressé, le sacrifice, la compréhension, la patience, l'amitié universelle, un dévouement inébranlable envers la vérité, la conscience cosmique et l'amour universel.  Elle offre la capacité de détruire nos illusions, d'ouvrir notre troisième oeil de la sagesse et de la clairvoyance.  Elle peut nous révéler le passé, le présent et l'avenir et nous guider lentement mais sûrement vers le Royaume Incréé de l’Etre [Nârâyana, Shiva].  Gâyatri est un moyen très efficace pour lier notre conscience à Adhiyagnya.  Adhiyagnya est le Soi Supérieur, Paramâtmâ.  Il ne faut jamais oublier que c'est le Adhiyagnya, qui se trouve au fond de chaque individu, qui a la capacité de nous inspirer et nous aider à exaucer tous nos désirs et vœux sains, raisonables et réalistes. 

 

6. GAYATRI SIDDHI:

 Pour pouvoir utiliser la puissance de Gâyatri, de la méditation, il est impératif que la personne devienne un siddhi- ou un adepte.  Un siddhi peut utiliser la force méditative pour instruire ses semblables et aussi pour chasser les cauchemars de esprit ou les pensées effrayantes [esprits maléfiques] chez les personnes vulnérables qui y croient.  Pour devenir un siddhi, Dhyâna est la condition sine qua non.  Selon les écritures, après 41 jours de pratique sincère et continue, il paraît qu'on est assuré d’un certain degré de réussite, qu’il faut néanmoins constamment parfaire.  Le Siddhi n’est jamais importuné par les énergies ou pensées cauchemardesques ni peut-il être sujet à aucune forme de charme maléfique initié à travers l'usage de mantra, tantra ou yantra.  C’est une garantie formelle donnée par les textes sacrés.

 Selon les écritures, l'Energie de Gâyatri [Pranavashakti- la puissance méditative], ainsi générée, peut aussi être utilisée pour s'auto-guérir et pour guérir les autres à travers la transmission de l'énergie psychique [prâna-shakti].  A la fin d'une session de méditation, le Siddhi doit inspirer profondément et expirer lentement à travers les deux mains.  Il doit maintenir son attention sur les deux mains pendant cet exercice.  Ensuite, il doit se frotter les deux mains pour activer l'énergie et presser les capteurs/ transmetteurs [hasta chakras].  Pour activer les hasta chakras, qui se trouvent au milieu de chaque paume, il doit, avec l'aide de la respiration profonde et lente, maintenir ses deux mains, paumes tournées vers le ciel, devant lui en invoquant l'énergie cosmique, Chitshakti ou Chitî.  Graduellement, il sentira un picotement et des vibrations dans les paumes des mains. 

 En touchant les différentes parties de son corps fluidique ou de son aura en chantant Gâyatri ou Aum, il peut y transmettre l'énergie cosmique.  A chaque imposition de main sur une partie du corps fluidique il peut chanter Gâyatri ou Aum une fois.  Pour terminer, il soulève les deux paumes au-dessus de sa tête comme si il tenait un récipient [une vase] entre eux et il visualise l'énergie cosmique comme une lumière blanche qui descend dans le Sahasrâra [son cerveau] et emplir son corps entièrement.  Il sent la présence de l'énergie qui apporte la lumière, la santé et l’harmonie.  La partie la plus vulnérable de l'aura est située au niveau de la nuque et c'est à cet endroit qu'il faudrait s'attarder pour renforcir l'aura.

 Pour transmettre l'énergie à une personne malade, le Siddhi palpe l'aura de la personne de haut en bas avec sa main droite tandis que la paume de sa main gauche est dirigée vers l’espace pour accueillir l'énergie cosmique.  Il doit s'attarder sur les différents chakras [centrs] en faisant des cercles avec les extrémités des cinq doigts ou avec celles de l'index et du majeur de la main droite.  Il peut aussi peigner l’aura de la personne de haut en bas avec ses doigts activés.  Ce balayement se fait avant la transmission afin de briser les nœuds psychiques.  Pour ne pas dissiper l'énergie, il est impératif de maintenir un contact permanent entre tous les doigts de la main pendant la transmission.  Pour transmettre une grande quantité d'énergie chez la personne, le Siddhi peut toucher le Trikûti de la personne malade en chantant Gâyatri ou Aum.  Il peut également produire une boule d'énergie entre les paumes de la main.  Il a aussi la possibilité d’envoyer l'énergie à partir du chakra de la main comme un faisceau de lumière.  Les meilleurs résultats sont obtenus quand le malade se détend complètement tout au long du processus de transmission. 

 Pour transmettre mentalement de l'énergie à une autre personne, on peut le faire à partir du Trikûti, du Anâhata ou des hastachakras.  Puisqu'on agit ici dans la dimension astrale fluidique[mentale], la pensée positive, l'amour et la visualisation sont des outils très importants pour assurer la réussite.  Il est également essentiel de se rappeler qu'on doit se considérer simplement comme un instrument à travers duquel l'énergie cosmique est captée et transmise pour aider et soulager psychiquement.  Et on doit le faire avec humilité, pureté et une affection détachée.

Le Siddhi peut chanter Gâyatri, charger de l’eau avec l’énergie du Mantra à partir des hastachakras et l’offrir à boire au malade.  Le malade doit surtout méditer sur la lumière blanche dans son cœur ou dans son esprit.  Les effets néfastes peuvent disparaître.  Cette eau bénite peut aussi faire disparaître les mauvais rêves et les murmures pendant le sommeil.

 Si une personne est morte d’une cause qui n’est pas naturelle, la récitation éclairée de Gâyatri Mantra et la méditation peuvent aider à réduire la souffrance, si on le fait avec concentration et foi en l'associant avec la méditation sur la lumière blanche de l’Etre [Karpoura gauram].  Puisque Gâyatrî ouvre la porte de la dimension cachée grâce à Sa lumière dorée ou blanche, il existe une croyance populaire qui pense qu’un esprit errant dans la mémoire d'un vivant en  pénétrant cette lumière se libérera de l'attraction terrestre.  Il y a des personnes spirituelles qui s'adonnent spécifiquement à cette pratique afin de venir en aide à des esprits troublés et angoissés qui affligent les vivants et qui peuvent être libérer par la lumière de la délivrance.

 Toutes ces pratiques susmentionnées ont été inventées par les médecins de l’esprit du passé afin de soulager la conscience mentale des troubles psychiques et de rétablir un équilibre entre les différents composants de l’être humain.  Car il n’y a qu’un individu qui possède un esprit sain dans un corps sain qui peut entreprendre le voyage extraordinaire de la réalisation spirituelle.  On a inclus ces pratiques de guérison spirituelle spécialement pour ceux qui sont psychiquement sensitifs et qui croient en l’existence des esprits désincarnés.  Au lieu de les laisser exploités et surexploités par les charlatans et sorciers sans scrupules, on a essayé de leur proposer un moyen de régler leurs problèmes par eux-mêmes.  Pour ceux qui ont emprunté le chemin du Yoga, les rites, les cérémonies et les pratiques élémentaires sont très souvent inutiles car chez eux le principe de Dhî s’est réveillé et leur attention est déjà orientée vers la dimension spirituelle intérieure.  Ainsi pour eux, l'approche la plus appropriée est sans aucun doute la Méditation constante et intégrée

 

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