ADHYATMA DARSHANAM

Le Site Spirituel de Koosraj Kora Venciah

ADHYATMA RAMAYANA: L'Enseignement Spirituel du Râmâyana

Chapitre 2

LA PREPARATION ET LES ELEMENTS DE BASE:

  D’emblée le Râmâyana nous introduit à la grande dynastie solaire qui a toujours produit des nobles, vertueux et illustres ancêtres qui ont tous œuvré sans relâche pour le bien, la vertu et la justice[Dharma].  La parole donnée est plus sacrée que l’attachement à la vie- c’est la devise du clan des Raghous: Raghoukoula Rît Sadâ Chali Ayi, Prâna Jâyi Par Vachan Na Jâyi

Les conditions essentielles à réunir afin de provoquer la descente de la Grâce chez un être humain spirituellement évolué seront à présent traitées.  Les huit conditions à satisfaire avant la manifestation de la Grâce sont les suivantes:

1.      Soûryavamshi: ceux qui appartiennent à la dynastie (Vamsha) solaire (Soûrya) ou ceux qui marchent vers et dans la lumière de l’âme.  Le soleil représente la lumière du monde [Bhâskara], le destructeur de l’obscurité et le bienfaiteur de tout le monde [Svastikâ].  Donc le Soûryavamshi est celui qui brille dans le monde grâce à ses vertus et à sa charité.  Il est aussi celui qui lutte constamment afin de repousser les forces du mal [asouras] et de l’ignorance [agnyâna], qui sont représentées par l’obscurité [andhakâra].  Un nom védique du soleil est Savitour, la Source Cosmique, l'océan primordial.  Le Soûryavamshi est par conséquent celui qui entretient une connexion mystique avec la Source de toute l’existence.  Cette connexion mystique est traditonnellement effectuée à travers la réalisation de Gâyatri

Une prière védique très populaire qui reflète la démarche du Soûryavamshi est la suivante:

Asato mâ sad gamaya, tamaso mâ jyotir gamaya

Mrityor mâ amritam gamaya

De l’irréel puis-je atteindre la vérité, de l’obscurité puis-je m'élever à la lumière, et de la mort puis-je arriver à l’immortel.

Ici, il est clair et évident que le yogi a réalisé qu'il vit dans un monde ou plus précisément dans un état de conscience inférieure qui est caractérisé par ignorance, obscurité et impermanence. Il aspire à dépasser cet état et à arriver à la suprême conscience qui est faite de vérité, de lumière et d'immortalité. Pour cela, il doit constamment lutter contre les forces de l'ignorance, de l'obscurité et de mortalité. La libération est donc une lutte constante et sans relache contre toutes les forces qui enchaînent la conscience à un niveau inférieur.

2.      Dasharatha: un roi Soûryavamshi qui est animé par la droiture, la vertu, la bravoure, la justice et la charité, caractéristiques des Râghavas.  Il vient d’une grande famille qui a récolté un héritage noble et glorieux [daivi sampada].  Daivi sampada indique les bonnes actions [karmas] des ancêtres ou un excellent héritage génétique dans le langage biologique.  Spirituellement parlant, puisqu’il a recueilli cet excellent héritage spirituel, Dasharatha personnifie un caractère pieux, noble, juste et harmonieux.  Symboliquement, il représente l’harmonie (ratha ou ritam) qui existe entre les dix sens (dasha) et le mental.  Dasharatha incarne aussi les dix vertus de la Sanâtana Dharma.  Selon le Manou Smriti, les dix signes [lakshanas] de la pratique de Dharma, la loi naturelle de l’ordre, l’harmonie et du bonheur, sont :                   

Dhriti – kshamâ – dama – asteyam – shaucham – indriyanigraha, dhîr –vidyâ – satyam – akrodho :       dashakam dharma lakshanam.

La détermination - le pardon - la maîtrise du mental - la non convoitise- la pureté - le contrôle des sens,   l’attention éveillée - le savoir - l’intégrité et l’absence d’agressivité.

Le bon roi Dasharatha (la personnalité éveillée du yogi) a trois reines ou shaktis [états d’esprit dynamiques], qui constituent sa force, sa vitalité:

  3. Kaushalyâ: la richesse spirituelle, l'abondance, la prospérité (kaushalam), les qualités nobles qui se manifestent par la pensée, qui est considérée comme étant l’élément positif de l’esprit.  Kaushalyâ est la mère de Râma.  Kaushalya représente l’état d’esprit pur (Sattva) de Dasharatha.

  4. Soumitrâ: la charité et l’altruisme, la bonté (sou) et l’amitié (mitra) qui se manifestent par l’action, qui est l’élément neutre de l’esprit.  L’action, qui est neutre, est inspirée soit par la pensée soit par les sentiments ou la parole (par exemple, une promesse).  C’est pour cela que Soumitrâ est considérée comme l’état d’esprit actif (Rajas) de la personnalité (Dasharatha).  Les deux fils jumeaux de Soumitrâ sont Lakshmana et Shatroughna.

  5. Kaikeyi: la joie de vivre, la sensitivité et le besoin de la certitude et de la sécurité qui s’expriment à travers les sentiments et la parole, éléments négatifs de la conscience.  C’est un secret pour personne que la personnalité est très dépendante de cet élément de sécurité et démontre une prédilection plus qu’évidente pour elle.  On voit cet élément de sécurité et de dépendance dans le soutien et la protection que Kaikeyi apporte à Dasharatha pendant la guerre.  L’élément de prédilection pour elle et de faiblesse face à elle se traduit par la parole ou la promesse de Dasharatha à Kaikeyi et par son souci constant de toujours la satisfaire.  C’est Kaikeyi qui contribue à la gloire aussi bien qu’à la chute de Dasharatha.  Elle constitue l’état d’esprit négatif et agité (Tamas) de Dasharatha.  Elle est la mère de Bharata.

  6. Vashishtha: la vision (rishi) pure et intuitive (vashishtha-limpide comme l’eau) qui se traduit par  la parole intérieure sacrée (vashishtha)  qui guide la conscience dans son itinéraire vers la réalisation de sa nature profonde et éternelle.  C’est la raison pour laquelle, il est le précepteur royal, le Râja Gourou.  Ceci indique aussi la nécessité du gourou dans le chemin qui mène vers la réalisation de la divinité intérieure.  Mais à défaut d’un maître ou d’un adepte authentique, on peut le remplacer par la vision pure et l’intuition [rishi] qui existent déjà au fond de chaque individu.  Pour cela, le disciple doit pouvoir demeurer mentalement immobile et silencieux [mauna].  Ainsi, c’est le rishi intérieur qui enseignera le mouni intérieur, qui par la suite essayera d’apporter l’enseignement spirituel au niveau du mental pour être assimiler et mis en pratique.

  7. Soumantra: la bonne (sou) conscience (mana), le bon état d'esprit qui protège (tra) les intérêts de la cité; la bonne orientation, l’honnêteté.  Celui qui obéit aux exigences de la personnalité harmonieuse et les traduit en actes concrets.  Nul doute que Soumantra soit le Premier Ministre du royaume dirigé par Dasharatha.

  8. Ayodhyâ: la cité où il n’y a pas de guerre ni de conflit, la cité de la paix et de l’harmonie (Jérusalem en hébreu ou Prashânti Nilayam en sanscrit).  Le bonheur suprême.  Ayodhyâ signifie également l’état de conscience qui est imprenable et inviolable (Vaikountha et Aparâjita) manifesté sur la Terre.  Avant la descente de Râma, Ayodhyâ qui représente le supraconscient de Dasharatha était harmonieux, puissant mais incomplet et quelque peu terne.  Selon le récit du Râmâyana, Dasharatha et Kaushalyâ ont une fille quelque temps après leurs noces.  Cette fille s'appelle Shântî, la paix.  Fidèle à sa promesse, Dasharatha remet son premier enfant, Shântî, à Romapada, le beau-frère de Kaushalyâ qui n'a pas d'enfant après plusieurs années de mariage. Romapada qui signifie littéralement 'une partie de l'être'  représente l'aspect extérieur de Dasharatha, son aspect physique et vital.  Et ce n'est pas un hasard que Romapada soit le roi de Angadesha, qui signifie "un pays [desha] qui fait partie [anga- membre] du territoire de l'empereur Dasharatha".  Le fait qu'il donne Shânti à Romapada nous donne l'indication qu'au niveau physique et vital de la personnalité de Dasharatha la paix est belle et bien présente.  Mais malheureusement elle ne s'arrête qu'à ce niveau-là car au plus profond de son être il est profondément malheureux et frustré.  Quand Shânti grandira, elle épousera Rishyashringi, la vision spirituelle, qui provoque une mutation dans la conscience. Rishyashringa est la capacité spirituelle d’avoir une vision divine et de faire descendre un rayon libérateur de l’Etre dans la conscience.  Shânti est donc la sœur aînée de Râmachandra et des trois autres frères.  Par ceci le Râmâyana veut nous faire comprendre l'importance de Shânti, la paix, dans la préparation de l'avènement de Râma.

  9. Râmâvatâra: [Navami- le neuvième facteur] la manifestation de la conscience divine de l’âme (Atmarâma) en compagnie de ses quatre aspects inséparables (Chatourvyouha): la vigilance (Lakshmana), l’abnégation (Bharata), la moralité (Shatroughna) et la foi ferme et inébranlable (Hanoumân).  Cette manifestation de la Grâce divine de l’Etre ne peut s’accomplir sans les huit conditions précédentes.  Il n’y a que ceux qui ont pu satisfaire ces huit conditions qui sont aptes à célébrer le Râma-Navami, la descente de la Grâce au supraconscient.

  Mais avant d’aller plus loin avec la manifestation de la Grâce, qui est un rayon omnipotent et omniscient de la Divinité, faisons un petit survol de l’approche philosophique du Râmâyana.  Parmi les légendes associées à la nécessité de la manifestation de la grâce divine sur la Terre (Karmabhoûmî) et chez une personnalité humaine (Jîva), figure celle de Jaya et Vijaya.  Cette légende pouranique définit la création comme un jeu cosmique [Lîlâmritam] dans lequel Dieu [Vishnou] s’engage partiellement afin de passer créativement son temps. 

Selon la science védique, au début, il n’y a que L’Unique Être Suprême, qui décide de se multiplier et de se diversifier à travers la création de l’univers (Eko’ham bahousyâmi: Je suis Unique, Je veux me multiplier).  Le Rig Véda chante Sa gloire ainsi :

Sahasra shîrshâ pouroushah               

sahasrâkshah sahasrapât                    

sa bhoûmim vishvato vritvâ

atyatishthad dashângulam      

L’Etre Cosmique, Le Créateur Originel, est Omniscient, Omniprésent et Omnipotent.  Il emplit l’univers dans sa totalité et s’étend au-delà de l’univers par dix mesures.  Il est immanent et transcendantal.

Pourousha evedaüm sarvam

yad bhoûtam yaccha bhavyam

outâmritat-vasyéshânah

yad annenâti-rohati

Le Créateur Suprême qui habite en nous et en tout, est véritablement toute l’existence- tout ce qui a existé et tout ce qui existera.  Il est aussi [ut] le Seigneur et Motivateur [îshânah] des forces immortelles de l’univers (devas-amritat vasya).  En sus de cela, Il est au-delà [ati-rohati] de toute cette [yad] diversité caractérisant l’univers matériel [annena].

Etâvân asya mahimâ

ato jyâyâ-ümsh-cha poûroushah

pâdo’sya vishvâ bhoûtâni

tripâd asyâmritam divi

Autant est la gloire du Créateur Suprême, qui a manifesté Sa puissance dans Sa création.  Mais, Il est infiniment supérieur à Sa création.  L’univers des choses, créatures et évènements [vishva bhoûtâni] ne représente que le quart [pâdo] de Sa Puissance.  Les trois quarts [tripâda] de Sa Gloire demeurent dans la Source Resplendissante Indestructible [amritam divi].

Tripâdourva oudait pouroushah

Pâdo’syehâbhavât pounah

Tato vishvang vyakrâmat

Sâshanâ-nashane abhi

Les trois quarts du Seigneur Suprême s’étendent dans l’au-delà, dans la divine Source.  Le quart de Sa Gloire se manifeste encore et encore [punah] comme la création dans le monde du devenir.  Ensuite, Il anime les créatures vivantes et les objets inertes.

 

Une autre partie des Védas parlent de la genèse de l’univers comme suit :

Aum ritam cha satyam châbhî-dhât

Tapaso’ dhya-jâyata.                                       

Tato râtry a-jâyata                                                      

Tatah samoudro arnavah

Aum Samoudrâd ar-na-vâd adhi

Samvatsaro ajâyata.

Aho râtrâ-ni vidadhad

Vishvasya mishato vashi

 Aum Soûrya-chandrama-sau dhâtâ

Yathâ poûrvam akalpayat

Dîvam cha, prithi-vîm cha

Antariksham atho souvah

L’Univers a été crée à partir de l’Idée Créatrice Divine [abhîdhât], qui est l’Initiatrice de toute activité cosmique [tapaso] selon les lois cosmiques [ritam] et la volonté divine [satyam].  En Elle a duré la nuit cosmique; et après la nuit, s’est activé l’océan causatif des potentiels, qui contient le plan, le  parcours et le destin de la création. 

Avec l’éclatement des potentiels cosmiques, ont émergé l’espace et le temps.  Ensuite, avec la progression de l’évolution [mishato] des potentiels de la création, les divisions de jour et nuit ont fait leur apparition dans le système solaire.

Car de l’Idée Créatrice Divine [dhâtâ] ont été projetés [akalpayat] le soleil et la lune; la galaxie [divam] et la terre [prithivi- aussi le monde physique]; l’atmosphère [antariksham- aussi le monde éthérique] et les différents mondes lumineux dans le ciel [svah- aussi le monde astral] comme cela avait été fait auparavant [yathâ pûrvam- pendant la précédente création].

Donc du sacrifice (Yagnya) de Son Être, le plan du Devenir se manifeste à partir duquel l’univers dans toute sa diversité a émergé et a commencé à évoluer.  Mais au plan Prédevenir, c’est-à-dire avant la manifestation, règnent l’ordre et l’harmonie parfaits (Ritam) entre les éléments qui vont participer au jeu de la création.  Le plan du Prédevenir est décrit comme Vaikountha [Bonheur Parfait] et L’Être Suprême est représenté par Vishnou [Âme Suprême Omniprésente].  Il y a deux portiers qui surveillent l’entrée principale qui mène dans le monde du royaume parfait.  Ils s’appellent Jaya et Vijaya; leurs noms signifient la gloire et la victoire de Dieu, de L’Être Suprême.  Et ils sont en vérité deux aspects de L’Être Suprême.  L’Être choisit Jaya et Vijaya pour participer à l'une de Ses sports cosmiques dans le but de démontrer la gloire et la victoire de L’Être Éternel sur le Devenir Éphémère.  Dans ce même contexte, les Védas nous illuminent sur la nature de l’Être et du Devenir dans un style inégalable:

 Pournam adâ pournam idam pournaât pournam oudachyaté

Pournasya pournam âdâya pournam eva vasishyaté

 L’Être est infini et le Devenir de l'Être est infini; de l’Être infini est né le Devenir infini. Malgré que le Devenir soit extrait de l’Être, l’Être demeure cependant infini et parfait.

L’histoire continue avec l’arrivée des Sanat Koumâras, les quatre fils jumeaux de Brahmâ, représentés par quatre éternels [sanat] enfants [koumâra].  Bien qu’ils soient les fils spirituels (Mânasa poutra) de Brahmâ, la Substance Créatrice à partir de laquelle l’univers est construit, ils restent cependant éternellement dévoués à Vishnou, qu’ils reconnaissent comme L’Être Suprême, la Source de toute l’existence (Shri Nârâyana). 

  Les quatre Koumâras symbolisent les quatre unités de base de la création:  1. L’Atome, la base de la matière,  2. Le Photon, la base de la lumière,  3. La Cellule, la base de l’être vivant, et, 4. La Conscience, la base de l’expérience.  Il n’y a que celui qui a pu réaliser et transcender ces quatre unités de base de la création qui a le droit d’entrer et de demeurer dans le royaume de l’Être. Ces quatre unités de base sont constamment connectées à la Source de l’existence. Les quatre Koumâras représentent aussi les quatre états éternels [Pâda] de Dieu: Etre, Devenir, Etre et Devenir, Au-delà de l’Etre et du Devenir.  Le Maître Satya Sai Baba identifie les quatre réalisations de base qui doivent être le fondement de la spiritualité comme suit:

            Il n’y a qu’une seule religion, celle de l’Amour

            Il n’y a qu’une seule famille, celle de l’Humanité

            Il n’y a qu’un seul langage, celui du Cœur

            Il n’y a qu’un seul Dieu, Il est Omniprésent.

  Or, il se trouve que malheureusement Jaya et Vijaya n’ont pas eu cette réalisation et ils font obstacle à l’entrée des Koumâras, la jeunesse éternelle, l'innocence, au royaume divin.  Leur ignorance (Agnyâna ou Avidyâ) les contraint à descendre dans le monde imparfait du devenir afin d’achever leur leçon.  L’Être [Vishnou] cependant fait la promesse à Ses deux serviteurs loyaux qu’Il viendra à leur rescousse et à la fin du jeu ils vont réintégrer le royaume divin.  Pour accomplir Sa parole, l'Être s’incarne comme Râma, la grâce, tandis que Jaya et Vijaya sont nés comme des Nishâcharas, les forces de l’obscurité : Râvana et Koumbhakarna.  Ils deviennent des rudes adversaires de la grâce.  C’est la guerre entre L’Etre pur (Râma) et L’Ego obsessionnel et matériel (Râvana, Koumbhakarna). 

Dans la Bible, cette situation est illustrée par la chute de L’Archange Lucifer (force de lumière), qui devient Satan, l’adversaire de Dieu et une force de l’obscurité et du mal (Nishâchara, Râkshasa).  La descente de la Grâce est représentée par la naissance du Christ, le fils ou l’incarnation de Dieu.  Le Christ est aussi appelé Emmanuel, qui signifie ‘Dieu est parmi nous’, appelé ‘Avatar’ par les hindous.  Le Christ est associé avec une conscience humaine, Jésus, le fils de l’homme.

 Selon le Râmâyana, la manifestation de la grâce divine a pu se réaliser à travers le sacrifice officié par un adepte, Rishya-Shringi.  C’est le processus de la concentration profonde grâce auquel le feu mystique [Agni] est allumé, et dans lequel les organes de sens et les états d’esprit sont sacrifiés (rendus sacré) afin de permettre au Sacré de se manifester.  Agni, tout comme Soûrya, est un symbole de La Lumière Divine. Agni est l’aspect de La Lumière Divine qui est proche et accessible.  Les Védas chante la gloire de Agni comme suit :

Agne naya soupathâ râye asmân

 Vishvâni deva vayounâni vidvân

Youyodhy asmat jouhourânam eno    

Bhoûyishthân té nama-ouktim vidhema

Lumière Divine [agni].  Conduit [naya]-nous [asmân] sur le noble chemin [soupathâ] de Ta Grâce [râye]. 

Force transcendantale [deva], Tu connais [vidvân] tous nos actes [vayounâni] dans le monde [vishvâni]. 

Aide nous à détruire [youyodhi] en nous [asmat] tous nos vices [jouhourânam] et péchés [eno]. 

Encore et encore [bhoûyishthân], nous offrons [vidhema] à Toi [te] nos louanges et salutations [nama ouktim].

Le sacrifice [yagnya] correspond aussi à l’initiation par un adepte, qui effectue un transfert d’énergie spirituelle, le Shaktipât, sur l’initié ou le disciple (Dasharatha). Cette transmission d’énergie s’effectue par le biais de Agnya Chakra qui se situe au niveau de Soushoumnâ Nâdi, qui est animé par Agni, le feu spirituel.  Si on suit bien les événements, on aperçoit au départ la gloire du soleil [Soûrya].  Ensuite, il y a la glorification du feu [Agni].  Finalement, avec la naissance de Râma, c’est la gloire de la lune (Chandra) car le nom complet de Râma est Râmachandra.  Le soleil indique l’état d’éveil spirituel, le feu symbolise la flamme ardente du désir de la réalisation qui brûle dans le cœur d’un aspirant [Moumoukshoutva] tandis que la lune représente la descente de la Grâce (Râma) dans l’esprit (Chandra). 

  Dans les Pourânas, un des aspects (langues) du feu (Agni) est représenté par la déesse Kâlî. Kâlî est comme une langue de feu qui émane du cratère d’un volcan et qui détruit tout sans distinction sur son chemin. Kâlî est aussi la soif spirituelle dévorante qui, avec l’arme éclairée du discernement (l’épée qui a un oeil), détruit tout ce qui fait obstacle à sa fusion avec l’âme (Shivam).  Un nom commun de la lune est Soma.  Soma correspond au mental supérieur (Soma Chakra) qui se situe au sommet du front au dessus du Troisième oeil de Shiva [Agnyâ Chakra ou Trikouti]. Soma correspond aussi à l’élixir de l’immortalité qui découle du Soma Chakra et qui descend sur le palais de la bouche pendant le khéchari Moudrâ. 

L’histoire de Jaya et Vijaya cache un autre secret spirituel.  Les quatre Koumâras représentent les quatre pratiques de base qui conduisent au royaume parfait de l’Etre.  Elles sont : shama [la maîtrise des sens], dama [la maîtrise du mental], titiksha [la patience et la persévérance] et ouparati [le détachement].  Ils symbolisent également les quatre premiers pas de la méditation : prendre conscience du plan physique [âsana], du plan vital [prânâyâma], du plan mental-sensoriel [pratyâhâra] et du plan intellectuel [dhâranâ] pour ensuite les prendre en charge. Les deux forces égoïques qui font obstacles à l’avancement spirituel [mânasa poutra] sont Jaya et Vijaya : la gloire et la victoire égoïste et personnelle. En effet, il y a pas mal de gens qui, après avoir accompli ces quatre étapes pendant une certaine durée, développent un sens profond de gloire personnelle [jaya] et de victoire spirituelle [vijaya].  Ils commencent à se vanter et à faire étalage de leur réussite spirituelle. Il n’y a que la puissance de vraie réalisation de l’âme [Vishnou] qui peut éliminer ces deux super-puissances.  Pour cela, Vishnou doit impérativement manifester sa grâce sur le plan supraconscient du yogi.  Cette tâche est accomplie grâce au Yagnya : la connaissance et la vision de l’Etre. Mais avant d’aborder cet important élément du sacrifice, examinons un autre sujet très important à propos de la descente de la Grâce divine libératrice. 

Selon le Bhâgavata Pourâna, le développement spirituel qui conduira à la manifestation de Shri Râma commence avec Prashni et Soutapâ.  En effet, dans une vie antérieure, Kaushalyâ était Prashni alors que Dasharatha était Soutapâ.  Prashni signifie ‘remettre en question, s’interroger en vue de connaître la vérité’.  Soutapâ représente l’étape initiale et facile [sou] de la méditation [tapa].  Grâce aux austérités de Prashni et de Soutapâ, Vishnou [l’âme] descendit dans les entrailles de Prashni comme Prashnigarbha.  C’est la première lueur [avatâra] de l’âme encore dans un état embryonnaire [garbha].  Mais cette petite lumière de l’âme aurait suffi pour déclencher le processus de la réincarnation sélective réservée uniquement aux yogis et méditants.

Dans la prochaine incarnation, Dasharatha [Soutapâ] devient Kashyapa et Kaushalya [Prashni] devient Aditi.  Kashyapa signifie la tortue, qui a la carapace dure et la possibilité de rétracter ses membres à l’intérieur de sa carapace.  Symboliquement, Kashyapa indique l’étape intermédiaire de la méditation appelée Pratyâhâra, où le yogi apprend à rétracter  ses sens à l’intérieur de son esprit éveillé.  Aditi signifie ‘incorruptible et impérissable’.  Ainsi grâce à la réflexion profonde et l’interrogation [Prashni], le yogi arrive à la dimension spirituelle, la source divine, la mère divine, qui est incorruptible et impérissable [Aditi].  De l’union de Aditi et Kashyapa, Vâmana est né.  Vâmana signifie le nain.  Ceci donne l’indication que la lumière de l’âme est sortie de son état embryonnaire  et commence à grandir.  Mais il n’a pas encore atteint sa maturité complète d’où l’image du nain.  Vâmana est aussi appelé Oupaindra, le petit [oupa] Seigneur [indra], plus précisément, le Seigneur qui grandit. Pendant la troisième réincarnation, Aditi et Kashyapa deviennent Kaushalya et Dasharatha. Le yogi a atteint sa maturité [Kaushalyâ] et une maitrise sur les dix sens [Dasharatha].  Il est un Aditya, un enfant de la lumière incorruptible et impérissable de l’âme.  Arrivé à ce stade de son évolution spirituelle progressive grâce à la réincarnation sélective, le yogi [Dasharatha] est enfin prêt à manifester la lumière de l’âme [Vishnou] dans une plus grande mesure.  Car, il a pu ouvrir la porte du supraconscient. La manifestation est accomplie grâce au sacrifice, le divya yagnya.

  Ce sacrifice spirituel, officié par Shringi, s’appelle le ‘Poutra Kâmeshti Yagnya’.  Littéralement, cela signifie le sacrifice (Yagnya-la pratique éclairée) par lequel le désir intense (Kâmeshti) d’avoir un fils (poutra) peut se réaliser.  Mais ésotériquement parlant, Poutra signifie la libération (Tra) de l’enfer du monde de la souffrance et de l’illusion (Pou).  Donc, Poutra Kâmeshti Yagnya symbolise le moyen mystique [la méditation] de réaliser le désir intense de se libérer de l’illusion et de la souffrance (du Samsâra).  Nulle surprise que le sacrifice soit associé au feu sacré.  Un autre nom d’Agni est Vahni, une force qui transporte et élève quelque chose d’un niveau inférieur à un niveau supérieur.  Au début, le Sacré [la graine de la Grâce ou de l’Être] se manifeste comme un potentiel (les graines ou payasam) qu’il faudra actualiser au sein des trois états d’esprit (reines) de Dasharatha, qui ont été purifiés et harmonisés par le désir d’accueillir le Sacré en eux. 

  Le yagnya est un des saints sacrements recommandés dans les Védas.  Le mot comporte deux syllabes: Ya ou satya (Cela ou la vérité) et Gnya ou pragnya (la connaissance spirituelle).  Yagnya signifie la connaissance spirituelle qui conduit à la réalisation de la Vérité.  Pendant le yagnya, le feu sacré est allumé, ensuite les morceaux de bois, le beurre clarifié et les graines sont offerts dans le feu sacré.  Il y a avant tout la purification des sens, qui sont ensuite offerts à Dieu en chantant le Svâhâ (offrande pure, parole vraie) en reconnaissant que rien n’appartient à l’homme.  Tout est à Dieu et rien n’est à moi- Idam na mama.  Le feu sacré est le désir ardent de réaliser Dieu. C’est la flamme de la méditation dans laquelle il faut volontairement sacrifier les organes du corps physique(bois), l’esprit fluidique ou le corps subtil(le beurre clarifié) et le corps causatif ou le potentiel psychique(les graines qui potentiellement contiennent des arbres au fond d’elles).  Il n’y a que par ce sacrifice mystique et par le service désintéressé que quelqu’un peut attirer un rayon de l’Être Suprême (Shri Râma) dans sa personnalité bénie et disciplinée (Dasharatha).  Le rayon divin [Râma] va ensuite entreprendre la mission de libération et de victoire.

 Avant la descente de la Grâce, la vie du yogi Dasharatha était intérieurement vide, terne et stérile.  Il avait toutes les richesses du monde mais il se sentait cependant malheureux et inaccompli.  Cela indique que la conscience ou la personnalité de l’homme ne peut jamais trouver le bonheur complet dans les choses éphémères.  Cela démontre aussi l’imperfection au niveau du supraconscient de Dasharatha, le yogi aspirant.  Il ne faut pas oublier de souligner qu’avant la descente de la Grâce, la foi (Hanoumân) est transportée d’Ayodhyâ [le supraconscient] pour être  implantée dans un espace pur (Anjanâ) du subconscient (Kishkinda). 

Selon la légende, le payasam est initialement divisé en trois parties et chacune des reines reçoit sa part.  Malheureusement, celle de Soumitrâ est enlevée par un aigle [la Volonté Divine] qui la dépose chez Anjanâ.  Les deux autres reines offrent joyeusement à Soumitrâ une partie de leur part respective et c’est pourquoi elle donnera naissance à deux jumeaux.  Comme déjà expliqué, cela démontre également que l’action [Soumitrâ] reçoit ses directives de la pensée et des sentiments.

  La foi, qui est représentée par Hanoumân, est comme une force du vent ou une impulsion (Vâyou, Marouta, Prâna) qui nous pousse à agir et aussi à prendre notre envol.  C’est pour cela qu’il est aussi appelé Vâyounandana ou Mârouti, fils du vent.  Puisqu’il est aussi une impulsion vitale (Prâna) et qu’il y a cinq forces vitales qui animent un individu, il est également décrit comme Panchamoukhi Hanoumân.  Etant donné que c’est le Prâna qui est le médium par lequel la conscience de l’âme circule, Hanoumân devient inévitablement le véhicule de Râma.  Selon la mythologie hindoue, Prâna est généralement représenté par le Dieu Shiva-Shankara, qui a aussi cinq facettes (Panchânana).  Et c’est pour cette raison que Hanoumân est aussi appelé Shankarasouvana, l'émanation ou l’incarnation de Shiva-Shankara.  Les impulsions vitales, comme on le sait, opèrent plus particulièrement sur le plan vital du subconscient.  Initialement, Hanoumân est très immature et fait toutes sortes de bêtises car il ne reconnaît pas encore sa véritable grandeur.  Mais quand il rencontre Râma, bien des années plus tard, il se transforme en une très grande puissance et un allié indispensable dans la divine mission.

 La manifestation de la grâce divine se fait à midi, c’est à dire quand la lumière de la conscience est à son apogée, et à l’instant où l’esprit ordinaire, le mental (la Lune) est entré sous l’influence de la lumière qui assure la victoire ou de la lumière de la supraconscience (Abhijit).  Dès le début de la manifestation, la vigilance spirituelle (Lakshmana) reste toujours associée avec l’étincelle de la conscience divine (Atmârâma/Bâla-Râma) tandis que la moralité (Shatroughna) ne se détache jamais de l’esprit de sacrifice (Bharata).  Peut-il y avoir de vigilance sans la conscience éclairée (Awareness) ou de moralité sans le sacrifice?  Comme déjà indiqué, les deux jumeaux, Lakshmana et Shatroughna, ne sont en fait qu’une partie de Râma et de Bharata respectivement.  Ils n’opèrent jamais seuls. 

Sous un angle différent, Râma et ses trois frères symbolisent les quatre buts de la vie, Pouroushârthas.  Râma est le Dharma (la vertu), Lakshmana est le Artha (l’accumulation de la richesse), Bharata est le Kâma (le plaisir moral, la famille) tandis que Shatroughna est le Moksha (la recherche de la libération spirituelle).  En combinant les quatre frères en deux paires inséparables, le Râmayana donne une toute autre dimension aux Pouroushârthas.  En combinant Râma et Lakshmana on arrive à Dharmârtha: l’accumulation de la richesse de la vertu ou de la richesse spirituelle.  De la combinaison de Bharata et Shatroughna est né le Pouroushâtha Mokshakâma: le désir intense de la libération spirituelle.

L’étincelle de la conscience ou de la grâce divine (Râma et aussi Soubrahmanya) et ses trois aspects principaux grandissent dans une atmosphère de paix, d’harmonie, de bonheur et de spiritualité (Ayodhyâ ou Satyaloka, au Sahasrâra, le supraconscient) sous l’instruction de l’intuition ou de la pure conscience intuitive (Vashishtha).  Sur le plan mystique, le Sahasrâra se situe au sommet de la tête.  C’est pendant une communication entre l’intuition [Vashishtha] et l’étincelle de la conscience divine (jeune Râma), qui s'agite pour connaître la suprême vérité sur la nature de la conscience absolue, qu’est né le très célèbre chef d’œuvre spirituel, “Le Yogâ Vashishtha”.*(Voir Appendice I).  Le Yoga Vashishtha est l'enseignement suprême d'un Brahmarishi, un adepte suprême.

  Il faut se rappeler que la Shakti de la Grâce (Sîtâ ou Devasenâ) qui s’est manifestée presque en même temps que Râma a initialement pris la forme d’une fleur de lotus dans le royaume de Lankâ.  Réalisant qu’elle constitue un véritable danger pour sa vie, Râvana la bannit loin de son royaume au fond de la terre. Tout comme Dasharatha avant la naissance de Râma, Janaka était également intérieurement très malheureux et incomplet avant la découverte ou l'apparition de Sîtâ. Et c'est Sîtâ qui le comble de bonheur et de gloire.

 

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