DHYANESHVARI

La Science de la Méditation et de la Spiritualité

CHAPITRE 3

 LA PAROLE AUX MAITRES DE LA MEDITATION

Pour les besoins de cet ouvrage, on s’est permis de choisir cinq maîtres spirituels qui sont universellement acceptés comme des experts en matière de méditation et Yoga. Sans entrer dans les détails, faisons juste un bref survol de leurs approches respectives.

Dans les ‘Conversations’ et ‘Satya Sai Speaks’, le maître spirituel et réformateur social Satya Sai Baba explique que:

 «La vraie méditation est de se sentir fusionné avec l’Etre Divin en une pensée unique, en un but unique.  Il n’y a que l’Etre Divin, uniquement l’Etre Divin.  Penser Dieu, Respirer Dieu, Aimer Dieu, Vivre Dieu.  Dans cette absorption en l’Etre Divin, on met de côté toute forme et on s’immerge en LUI.  Dans ce processus, le mental s’arrête naturellement.    La méditation profonde est synonyme de connaissance unitive avec Dieu.  C’est une VISION de ce qu’est le Divin et du CHEMIN qui y mène.  Elle rend perceptible, dans son intégralité, la REALITE de L’Etre –Conscience - Béatitude (Sat chid ânanda)».

Sai Baba explique aussi que:

 «La méditation est une fonction intérieure, subjective, calme et profonde.  Le mental se tait et l’étincelle divine jaillit du fond de l’être et l’emplit tout entier.   C’est une discipline qu’aucun livre ne peut enseigner et qui n’est l’apanage d’aucune classe sociale.  Immergez-vous dans la méditation jusqu’à ce que vous transcendiez toutes les envies et toutes les impulsions physiques et mentales.  La méditation, pour être efficace, doit être régulière, sans hâte et dégagée de toute préoccupation.  En procédant ainsi, vous trouverez le calme, et l’état de méditation viendra tout naturellement.   La méditation est vraiment ce qui se vit toute la journée durant».

Les Signes de Progression?  Sai Baba dit que:

 «Votre progression en méditation doit être authentifiée par la transformation de votre caractère et de votre conduite.  Est ce que vous aimez davantage, est ce que vous parlez moins, est ce que vous aidez mieux autrui?  L’homme est divin.  Il peut se purifier et atteindre la divinité parfaite par la pratique de la méditation accomplie sérieusement et avec toute la foi dont l’homme vertueux est capable»   
 

Une autre figure bien connue dans le monde spirituel qui a écrit prolifiquement sur le sujet de la méditation est le controversé Osho Rajneesh.  Osho donne les explications suivantes:

 «La méditation est un état où le mental est absent.  La méditation est un état de pure conscience dépourvue de tout contenu.  Ordinairement, la conscience d’un individu est comme une autoroute grouillée d’activité: les pensées qui circulent, les désirs qui traversent, les mémoires qui font le va-et-vient, les ambitions qui foncent- c’est un trafic constant! Que ce soit le jour ou la nuit.  Ceci est l’état où la méditation est absente.  Quand le trafic a cessé et l’activité de la pensée s’est arrêtée, il n’y a plus de pensée, plus de désir, quand on est absolument silencieux- ce silence est la méditation.  Et dans ce silence la vérité peut être connue, et jamais autrement.»

   «Personne ne peut découvrir la méditation à travers le mental, car le mental n’a pas d’autre but que de se perpétuer.  On ne peut découvrir la méditation qu’après avoir mis le mental de côté, en restant serein, indifférent, sans identification avec le mental; en voyant le mental passer, mais sans s’identifier avec lui, ne pas penser que l’on est le mental.  Dans ces moments de grande tranquillité, on saura qui l’on est, et on saura le mystère de cette existence.  Un jour de grande bénédiction arrive lorsque la méditation devient notre état d’esprit naturel.»

Par ailleurs, Osho nous prévient:«La méditation n’est la concentration.  Dans la concentration il y a un ego qui concentre et il y a un objet de concentration.  Cela implique une dualité.  Dans la méditation il n’y a personne à l’intérieur et rien à l’extérieur. Il n’y a pas de division entre l’extérieur et l’intérieur. L’intérieur continue à se fondre dans l’extérieur, l’extérieur se fusionne continuellement avec l’intérieur.  Il n’y a plus de démarcation, de frontière, de limite.  L’intérieur est l’extérieur, l’extérieur est l’intérieur ; c’est une conscience sans dualité.

La concentration est une conscience dualistique: c’est pour cela que la concentration génère la fatigue; c’est pour cela que vous vous sentez épuisé après la concentration.»   
 

Un troisième maître qui a profondément pénétré dans le sujet de la méditation est Jiddu Krishnamurti.  Il a complètement rejeté toutes les techniques et méthodes de la méditation.  Il n’en a jamais enseigné toute sa longue vie durant.  Pour lui, la méditation est une prise de conscience, un état d’attention et d’observation sans l’intervention de la pensée et du mental.  La méditation est une disponibilité naturelle qui consiste à prêter toute son attention à tout ce qui se passe à chaque instant du présent, sans aucune intervention du mental et sans aucun écart du présent.  La méditation implique une capacité d’observation sans réaction, sans choix, sans préjugé, sans verbalisation, sans mémoire et surtout sans un observateur mental.  La méditation sans le méditant!  Grâce à la méditation, on apprend directement, on découvre soi-même et la réalité, on apprécie les choses à leur juste valeur, et la vérité se révèle tout naturellement sans distorsion.  Et la vérité nous libère de toutes nos chaînes et illusions et nous rend responsable et aimable.   
 

Un instructeur de l’époque védique qui s’est érigé en une autorité en matière de méditation est le sage Patanjali.  Il avait composé les aphorismes [Soutras] sur le Yoga.  Patanjali définit le Yoga comme ‘demeurer immobile au-delà des vagues incessantes causées par l'activité mentale- yoga chitta vritti nirodhah’.  Ce n’est qu’à ce moment que le témoin peut demeurer dans sa vraie nature- tadâ drashtoum svaroûpe’ vasthânam.  Pendant les autres moments, il ne fait que s’identifier aux activités incessantes du mental. Donc, il reste enchaîné et malheureux.

Selon les principes de l’Hindouisme, Yoga est l’aspect pratique de Dharma, la loi naturelle et universelle de l’harmonie, de l’épanouissement et du bien être.  Pour atteindre l’harmonie, le développement sain et le bien être du corps, il y a les prescriptions du Hatha Yoga: les exercices et activités physiques dans un environnement propre accompagnées d’une nourriture appropriée.  Pour atteindre l’harmonie, le développement et le bien être du coeur et de l’esprit, il y a les prescriptions de Bhakti Yoga : la pratique de l’amour, Gnyâna Yoga : la pratique de la connaissance, Karma Yoga : la pratique des actions selon les exigences de Dharma.  Une combinaison intelligente de tous ces Yogas complémentaires est appelée Râja Yoga, la pratique royale et holistique, qui conduit à l’harmonie, l’épanouissement et le bien-être.  Le Râja Yoga conduit à la réalisation spirituelle [adhyâtmâ darshanam] de la vérité [Satya] libératrice [Moksha] et aussi à l’accomplissement suprême [Siddhi].  

D’après le Sage Patanjali, auteur des Yoga Soutras, les étapes préliminaires du Yoga sont:

Selon Patanjali, le Yoga comporte huit étapes successives (Ashtânga):

1.yama: les abstentions qui génèrent les Valeurs de Non-violence [ahimsâ], Non mensonge [satya], Non vol [asteya], Non gaspillage des énergies vitales [brahmachari] et Non libre champs aux désirs et impulsions [aparigraha].

2. niyama: les Règles de Hygiène et Pureté [shaucha] des cinq enveloppes de l’âme (Koshas- physique, vital/émotionnel, mental, intellectuel, et causal inconscient), Contentement [santosha -satisfaction), Fermeté dans l’effort [tapah –Couvaison spirituelle, immobilité), Observation et étude de soi-même [svâdhyâya –apprentissage) et Soumission à l’ordre naturel de l'existence [îshvara pranidhâna].

Outre ces deux étapes de base, Patanjali préconise également:

3. âsana [la bonne posture du corps],

4. prânâyâma [accumuler l’énergie vitale à travers la bonne respiration],

5. pratyâhâra [rétracter les sens de la diversité du monde extérieur],

6. dhâranâ [accumuler l’énergie mentale en se focalisant sur un but unique à travers la bonne posture mentale],

7. dhyâna [l’état de méditation, la bonne posture de la conscience],

8. samâdhi [l’état de la conscience divine, la bonne posture divine].   
 

En parlant de méditation, personne ne peut oublier les sublimes idées avancées par le Maître Krishna [ou Vedavyasa] dans la Bhagavad Gîtâ sur ce sujet.  La Bhagavad Gîtâ, qui est considéré comme l’essence des Védas et des Oupanishads, jouit d’une autorité incontestée en matière de spiritualité.  Dans la Bhagavad Gîtâ, il y a le Chapitre 6, Dhyâna Yoga, qui est entièrement consacré à la méditation. Mais, avant d’aborder le sujet de la méditation, considérons ce que la Gîtâ dit à propos de Yoga, la communion spirituelle.  Comme déjà expliqué, la méditation fait partie intégrante du Yoga.  Très souvent le terme Yoga est utilisé pour désigner la méditation et de l’absorption spirituelle. 

Verset 2.48: Dhananjaya! Sois ferme dans le Yoga.  Accomplis ton devoir, en considérant la réussite et l’échec à pied d’égalité.  Cette égalité d'humeur est définie comme le YOGA.[Samatvam yoga ouchyate]

Verset 2.50: Celui qui a développé l’intelligence grâce à la méditation peut, dans cette vie, se libérer  des conséquences de l’action humaine, bonnes ou mauvaises.  Engage-toi donc dans la communion.  Le Yoga est l’art d’agir avec responsabilité sans laisser  de suite [Yogah karmasou kaushalam].

Verset 5.6: Celui qui ne pratique pas les disciplines de Yoga ne fera que récolter de la souffrance s'il s'adonne au renoncement.  Par contre, le sage peut atteindre assez vite l’état de l’Absolu [Brahma] en s’engageant dans la pratique de Yoga [la communion spirituelle- yoga youkta].

Verset 5.7: Celui qui s’est engagé dans la pratique de la communion spirituelle, le Yoga,  développe une conscience pure, devient maître de soi; il maîtrise ses sens et perçoit l’âme, qui est en lui, chez toutes les créatures.  Bien qu’il agisse, il n’est jamais souillé par ses actions.

Verset 5.21: L’individu qui s’est détaché des stimulations et excitations du monde extérieur goûte au bonheur de l’âme.  Se vouant à la communion divine avec l’Etre Suprême [brahma yoga youktâtmâ], il goûte à la félicité impérissable.

Jetons à présent un bref regard sur ces deux autres versets fort intéressants  du chapitre 5.

Versets 5.27-28: Indifférent aux expériences liées aux sens, maintenant son regard intérieurement entre les sourcils [Trikoûti, Bhroukoûti] et harmonisant le souffle ascendant et descendant [prânâyâma], se détachant ainsi des sens [et du corps à travers pratyâhâra], du mental et de l’intellect [par dhâranâ], le Mouni, qui a pour but la libération, s’affranchit du désir, de la frustration et de la frayeur.  Qui se délivre ainsi demeure toujours et certainement un être libre, libéré.

Examinons maintenant les importants versets du Chapitre 6, qui traitent sur le sujet de la méditation.

Verset 6.10: Le Yogi doit constamment s’efforcer pour s’établir dans un état de communion spirituelle.  Il lui faut se retirer en un lieu secret et solitaire, toujours rester très attentif aux activités du mental, s'éloigner de tout désir et se libérer de tout sentiment de possession.

Versets 6.11-12: En ce lieu sain, il doit bien se préparer un siège, qui ne soit ni trop haut, ni trop bas.  Là, il doit s’asseoir sur son siège, accomplir le yoga en se détachant des activités du mental et des sens, en maintenant son attention sur un seul objectif  afin de sauvegarder sa clarté d’esprit.

Versets 6.13-14: Tenant le corps, le cou et la tête droits, [les yeux fermés mais] le regard comme fixé sur le bout du nez afin d'éviter de le disperser  dans toutes les directions, la conscience en paix  et sans frayeur, ferme dans la conservation de l’énergie vitale et psychique [et dans la communion avec l’Etre Suprême- brahmacharya], le mental tranquillisé, il doit mettre son esprit en communion avec  le vrai Moi [l’Etre Suprême] et demeurer ainsi dans cette suprême communion avec le vrai Moi.

Verset 6.15: En demeurant ainsi constamment dans cette communion de l’âme, le yogi, en dirigeant son mental vers l’intérieur, atteint la paix et l’absorption suprême [nirvâna paramam] et réalise la nature divine du vrai Moi.

Verset 6.16: Arjuna! Nul ne peut atteindre cette communion s’il mange excessivement ou pas suffisamment, s’il dort excessivement ou pas assez.

Verset 6.17: Celui qui peut maintenir cette communion [youkta] alors qu’il mange, qu’il se détend, qu’il travaille, qu’il accomplisse ses devoirs, qu’il rêve et qu’il soit dans le sommeil profond à travers la pratique de Yoga, ce yogi s’affranchit de toutes les souffrances. (Car il sait garder la mesure dans toutes les choses grâce à l’intelligence qui agit en lui à travers la méditation).

Verset 6.18: Quand le mental devient discipliné, et la conscience reste établie dans l’âme infinie sans être assaillie par toutes sortes de désirs impulsifs, à ce moment-là on peut désigner cet état comme la communion [yukta].

Verset 6.19: Pourvu d'un mental discipliné, le yogi reste fermement établi dans la communion  de l’âme, à l’instar d’une flamme, protégée contre le vent,  qui ne vacille pas.

Versets 6.20-23: Il existe un état de bonheur où les activités de la pensées [du mental] sont transcendées par la pratique de Yoga et où l’esprit à travers la pure conscience  réalise son identité véritable et goûte à sa propre plénitude. Aussi où le yogi réalise un bonheur infini quand, grâce à son intelligence, il découvre une dimension inviolée par les sens et quand, une fois qu’il a réalisé cette réalité, il y reste fermement ancré sans s’en écarter.  Ayant atteint cette dimension, l’être humain sait qu’aucun autre gain n’est plus précieux et n’a plus d’autre souci.  Il y demeurera, inébranlé, même au cœur des plus grandes difficultés.  Il faut savoir que c’est cette indifférence face aux souffrances de la vie mondaine qui est définie comme le YOGA.

Verset 6.24: Cette pratique du Yoga doit être accompagnée d’une ferme résolution et d’une foi inébranlable.  Il faut bannir complètement tous les désirs impulsifs projetés par la pensée et certes restreindre l’ensemble des sens par l’esprit de tous côtés.

Verset 6.25: Graduellement, pas à pas, et dans la joie, animé d’une intelligence et d’une ferme détermination, il faut établir l’esprit dans la conscience divine de l’âme sans penser à rien d’autre [dans le silence du mental].

Verset 6.26: Peu importe où qu’il soit emporté par sa nature vacillante et instable, il faudra évidemment ramener le mental sous l’emprise de la conscience de l’âme.

Verset 6.28: Ainsi constamment établi dans la communion de l’âme, le yogi est affranchi de toute souillure mondaine.  Grâce au bonheur rejailli par son rapprochement de l’Etre Suprême [brahma-sam sparsham], il jouira du bonheur suprême infini.

Verset 6.32: Arjuna! Selon Moi, le meilleur des yogis est celui qui voit partout l’égalité des êtres, qu’ils soient heureux ou malheureux. [Et peut donc ressentir leur bonheur et leur souffrance comme siens].

Verset 6.36: Pour celui dont l’activité mentale n’a pas de limite, le yoga, la réalisation spirituelle est difficile à atteindre. Telle est Mon opinion.  Mais pour celui dont le mental est discipliné et maîtrisé et qui fait les efforts en adoptant le moyen approprié, il peut y arriver.

Au Chapitre 8, Akshara Brahma Yoga, La Voie de l’Etre Absolu, Krishna explore l’importance de l'entrée en méditation à l’heure de la mort.

Verset 8.9: Il faut toujours méditer sur l’Etre Suprême en tant qu’Etre omniscient, originel, plus petit encore que le plus petit, le Seigneur et Soutien de tout, qui est sans forme concevable, resplendissant comme le soleil et au-delà des ténèbres.

Verset 8.10: Celui qui, à l’instant de la mort, ne laisse pas dévier son esprit et communie avec la foi et la puissance de yoga en établissant complètement le souffle de la vie au centre qui se situe entre les sourcils, celui-là atteint la conscience divine de l’Etre Suprême.

Verset 8.11: Il y a ceux qui connaissent les Védas et qui parlent de l’impérissable en qui fusionnent les sages qui ont vaincus leurs attachements mondains.  Désirant d’atteindre cette dimension impérissable, ils ont pratiqué le brahmacharya, la communion avec l’Etre Suprême. Je vais t’expliquer brièvement cette pratique.

Verset 8.12: Ayant fermé toutes les portes par la maîtrise des sens, renfermant le mental dans l’espace du cœur et en fixant le souffle vital au centre de la tête, il faut s’établir dans l’état de communion [yoga].

Verset 8.13: En se laissant ainsi guidé par Aum, qui est l’être suprême absolu, quiconque part en quittant son corps en pensant à son vrai Moi, l’Etre Suprême, celui-là atteindra la destination suprême.

Et au Chapitre 12, Bhakti Yoga, la voie de l’amour, Krishna donne l’instruction suivante:

Verset 12.12: Mieux que tout autre pratique est la culture de la connaissance. La méditation est supérieure à la connaissance, et mieux que la méditation est la capacité de renoncer aux fruits des actes [qui survient uniquement quand on est établi dans le Samâdhi].  Car la paix est une conséquence immédiate de ce détachement.

 

Après ce tour d'horizon des enseignements des cinq maîtres du Yoga et de la méditation, il est plus que certain que nous avons à présent une idée assez claire sur le sujet. Essayons donc de découvrir un moyen simple, efficace, directe et facilement accessible afin d’entrer en méditation.  On peut vous donner l’assurance que tout ce qui suivra a été testé et a donné des résultats plus que satisfaisants.  Ainsi, on vous demande d’y prêter toute votre attention et d’essayer cette méditation au moins pendant quelques jours.  Et vous allez être agréablement surpris du résultat.

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DHYANESHVARI-Chapitre 4 8

 

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