CHAPITRE 6
Commentaires
sur la Méditation proposée:
Il faut bien réaliser quil ne peut y avoir de méditation sans la contemplation et la transe spirituelle. La contemplation est la communion de la conscience dune personne avec LAme [Etre Divin] dans le temple éternel de lEtre, qui se trouve au centre de son coeur spirituel. Alors que le mental de lhomme est emprisonné dans le temps et lespace et conditionné par la loi de la causalité, son cur est par contre situé à la source du temps et de lespace. Cest pour cette raison que le cur, la dimension cachée de lhomme [avyakta], est défini comme une dimension extraordinaire. Toutes les écritures sacrées s'accordent pour dire que lâme se révèle et brille dans toute sa majesté uniquement dans lespace du cur.
Lâme et lEtre Suprême
sont identiques car au-delà du temps et de lespace,
donc au-delà de la dualité. Il est logique
quau delà de la dualité, il ny a que
unité et unicité. Ainsi lâme est L'Etre Suprême. Cest aussi simple que ça. Cette expérience
de lunité est rendue possible uniquement à
travers la méditation.
Le pèlerinage intérieur sacré qui consiste
à se diriger vers le cur sexprime extérieurement par laction daller vers et dans la maison de Dieu
[temple /église /mosquée]. Il ny
a que le dévot, celui qui marche dans le chemin de la religion,
du Dharma, et qui suit un code de conduite (Yama-Niyama)
qui sait comment entreprendre le pèlerinage intérieur. Malheureusement,
beaucoup de dévots se perdent dans les rites externes et
négligent le vrai travail intérieur. Le temple
extérieur, avec ses idoles, ses lumières, ses offrandes
et son autel, nest que le symbole, le pâle reflet
dune sublime vérité intérieure.
Et aucun symbole ne pourra jamais remplacer la vérité.
La formule H2O nest certainement pas leau qui peut
apaiser notre soif.
Une question très pertinente à se poser à
ce stade est la suivante: pourquoi a-t-on identifié lespace
intérieur sombre au cur spirituel et pourquoi a-t-on
identifié la conscience qui lanime et lemplit
comme lâme? Les Védas et les écritures
saintes nous disent que le cur de lhomme est au-delà
de son mental limité. Le cur [hridi]
est une dimension supérieure qui est cachée, avyakta.
En lui toutes les créatures ont leur origine et leur fin.
Donc, il ny a quà travers le cur spirituel
quon peut éprouver un contact avec toutes les créatures
de lunivers et avec le cosmos lui-même. Par
ailleurs, les Védas disent que cest uniquement lêtre
[Pourousha] qui anime toutes les choses et créatures et
qui les maintiennent en existence. Et pour ce faire, lêtre
anime et emplit cet espace où toute la création
réside. Le Pourousha Souktam du Rig Véda
nous explique également que la grandeur et la majesté de lâme [Pourousha]
sétendent bien au-delà de cet espace infini quest
le cur de lunivers. (Voir Pourousha Souktam).
Un esprit méditatif peut aisément comprendre quil
existe une dimension de lêtre au-delà de lunivers,
de lespace et du temps.
Penchons-nous à présent brièvement sur la signification des six étapes du pèlerinage intérieur.
ASANA: cest une indication du désir dentreprendre le pèlerinage (daller au temple intérieur) et une préparation. Puisquil ny a aucune utilité du corps dans cette démarche, on limmobilise dans une âsana (posture droite et détendue).
MANTRA-PRANAYAMA et BANDHA: cest lexercice de la purification du corps, des émotions et du mental (extérieurement comme le bain et le port dhabit blanc). Cest aussi le reconditionnement du mental (par linvocation de la lumière divine -gâyatri prânâyâma) et laccumulation et la canalisation de lénergie psychique (par le jâlândhara bandha).
PRATYAHARA: cest le passage à lintérieur du temple. On laisse derrière soi toutes nos préoccupations et distractions comme on laisse nos chaussures à lextérieur du temple sans sen soucier. On y entre avec pureté, foi et dévotion. On se fixe sur lobjectif qui est lautel principal, la porte (médium) qui souvre sur Dieu ou LAme (localisation du Trikouti et rotation des yeux).
DHARANA: cest la concentration sur la porte spirituelle du Trikouti (médium, idole, symbole, autel dans le temple extérieur) en invoquant lEtre par le Nom mystique (OM/AUM). La concentration est un peu comme composer le numéro téléphonique de lEtre ou comme frapper à Sa porte. Sonner la cloche. Puisque lEtre est Son Nom, la vibration du Nom de LEtre est censée nous mettre automatiquement en contact avec Lui à travers lactivation du Trikouti. On entre en transe spirituelle. On ressent la paix et le bonheur que procure cette communication spirituelle.
On peut aussi invoquer et se concentrer sur lEtre Divin [lAme] comme La Lumière Omnisciente qui voit et connaît tout de lintérieur [Sâkshi]. On se sert de la flamme dune bougie que lon fixe continuellement sur le Trikouti. Cette Lumière intérieure est aussi identifiée à La Volonté Divine en nous. On se soumet à La Volonté de LAme, et on sent la paix et le bonheur qui suivent cette soumission. La lumière nous transforme et nous illumine de lintérieur. Elle dicte à notre esprit, notre coeur et nos sens le vrai chemin qui mène à la divinité en brûlant le voile de lignorance. Cest le rite de Mangalârati.
On peut aussi communier avec La Divinité en se concentrant sur lobservation de la respiration, qui est le souffle de l’âme qui nous maintient en vie. Par lactivité de linspiration et lexpiration, on reconnaît La Présence et on se soumet à Elle au Trikouti. On ressent la paix et le bonheur de la soumission et de lobservation.
Certains regardent au fond du temple intérieur qu'est notre pure conscience, notre coeur spirituel où LAme va se manifester si on sait linvoquer avec pureté et constance. Cest la véritable contemplation où lon ouvre son coeur à LInfini pour pouvoir Le recevoir dans sa totalité. On ne peut pas recevoir La Grâce, La Lumière, La Présence Divine si on ne renonce pas à limage de son corps, aux fleurs de ses pensées, aux fruits de ses désirs et si lon ne se dissout pas dans la pureté de la contemplation. On doit aussi y mettre toute notre énergie, dévotion et pureté (fruits, fleurs, encens et eau/lait quon offre à lautel). Pour cela, il faut se soumettre complètement à La Volonté Divine et rester immobile intérieurement et extérieurement tout en maintenant le Trikuti actif.
DHYANAM: après sêtre détaché du corps et de la pensée (effacer son image du mental), on se fusionne dans La Présence Infinie (espace/temps de la conscience intérieure- chidâkâsha). La Présence emplit la conscience intérieure. On devient une présence infinie (espace/temps) et une source de lumière éternelle. On respire Dieu, on ressent Dieu, on est Dieu, on est Tout. On soublie complètement et se fusionne dans le bonheur suprême. On sétablit dans la paix, la joie et la plénitude de La Présence Divine. Subtilement et secrètement, la lumière et la présence divine nous transformeront intérieurement en un être divin.
SAMADHI: cest le fusionnement total avec L'Etre sans aucun sentiment de notre moi individuel.
Létincelle sest fusionnée dans La Lumière
Infinie et Eternelle. Samâdhi nest pas un sujet
de discussion et délaboration, mais une impérience
à faire. Samâdhi est lapogée de la méditation.
Pour terminer, on va essayer de proposer une pratique spécifiquement
pour ceux qui ont un grand attachement pour lidole ou licône
dun maître ou dune divinité mythique
telle que Vishnou, Shivashankara, Dourga, Ganesha, Jésus,
Mourouga, etc. Si ces gens ne sont pas encore prêts
à comprendre que ces divinités ne sont que des symboles
de leur propre âme et éprouvent une intense dévotion
pour la divinité de leur choix [ishtadeva] cela ne signifie
pas quils ne peuvent pas entrer en méditation.
Après leur session de prière, ils doivent faire les exercices
de âsana, prânâyâma et yogamoudrâ.
Ensuite, ils doivent diriger leur attention sur lidole ou
limage de leur divinité préférée.
Ils doivent observer chaque détail de la divinité
des pieds jusquà la tête avec attention et
sans pensée. Grâce à cette contemplation
[observation éveillée et intense], ils vont graduellement
découvrir la pure conscience intérieure qui voit
à travers leurs yeux. Puisquil ny a pas
dingérence de la pensée durant cette observation
pure et intense, il ny aura pas de dualité dans leur
esprit. Ainsi ils vont réaliser que la divinité
quils adorent est en réalité cette pure conscience
en eux qui voit à travers leurs yeux et qui respire à
travers leurs narines. Automatiquement, leurs yeux vont
se fermer lentement et leur attention va se focaliser sur la Présence
de la divinité en eux comme la pure conscience qui voit
tout, qui connaît tout, qui maintient tout et qui respire
à travers eux. Une fois que leur attention sest
dirigée vers lintérieur, ils seront en méditation
et en union spirituelle avec la divinité, la vraie divinité
intérieure, lâme suprême, qui est sans
forme, sans nom, sans limite et éternelle.
Les
idoles et icônes ont été conçus par
les adeptes afin daider les esprits faibles et les gens
émotifs à satisfaire leurs tempéraments et
ensuite à pénétrer lespace de la méditation
à travers un intermédiaire extérieur.
La plupart de gens qui adorent la divinité,
qui est à la base de toute l'existence, à travers
les idoles et images réligieuses ne font pas vraiment ce
qu'ils sont supposés de faire. En effet, ils s'approchent
des idoles, ferment les yeux et récitent des prières
ou parlent incessamment aux idoles de leurs problèmes et
doléances. Or, les idoles ont une toute autre fonction;
ils ne peuvent jamais exaucer les prières ni résoudre
les problèmes. Ils n'ont pas été conçu
pour cela. Les idoles des divinités hindoues dans leurs
différentes postures servent à nous enseigner les
grandes vérités de l'existence, essentielles à
notre épanouissement spirituelle. Leur fonction n'est pas
de nous écouter et d'encaisser tous nos griefs mais de
nous parler, figurativement bien entendu,
de nous dispenser de la connaissance essentielle de l'existence.
En outre, les stotras et bhajans ne sont pas uniquement des divertissements
réligieux qui nous aident à bien passer le temps,
mais surtout un moyen facile de nous rappeler les grandes vérités
spirituelles.
En sanscrit, la méditation est appelée Dhyâna. En décortiquant le mot dhyâna, on arrive à avoir une idée assez claire de la méditation. Dhy signifie la pure conscience, â : maintenant, et na : ici. Maintenir lattention de la pure conscience ici et maintenant. Dhy signifie la pure attention, lobservation silencieuse, â : âkâsha- lespace du présent qui pénètre tout et qui est partout, et na : prâna- lactivité respiratoire. Diriger lattention à observer silencieusement lespace omniprésent et lactivité de la vie à travers le souffle. Mais na : signifie aussi rien dautre. Donc, la méditation est aussi la pure observation de lespace de la conscience libérée et rien dautre [sans objet].