Prârthanâ.
Pra:
avant tout, suprême, artha: sens, richesse, effort, nâ: comprendre, recevoir
à travers Dhyâna et aussi partager. Elle est
également connue comme Oupâsanâ, sasseoir
près de son être pour connaître et recevoir
la grāce. Prârthanâ désigne
une activité qui est dirigée par la compréhension
dune réalité spirituelle et qui agit en harmonie
avec la totalité. Par ailleurs, Prârthanâ
indique leffort quon doit faire afin darriver
avant tout à connaître la Source de lexistence,
lâme, et la place et le rôle de lindividu
dans le monde. Ensuite, communier avec cette Source à
travers la méditation et recevoir la richesse de la grāce
que dispense la Source. (Voir mantra: Shanno devir abhishtaya)
Prârthanâ est Yoga, le chemin de Dharma,
de lharmonie, qui conduit au bonheur et à lépanouissement
de lindividu et du monde qui lentoure. Prârthanâ,
comme une préparation à la méditation, est
une activité consciente et volontaire par laquelle on se
libère momentanément des occupations et préoccupations
mondaines liées à lego, son plaisir, sa souffrance,
ses préoccupations, son pouvoir et sa position sociale.
Ensuite, on accumule suffisamment dénergie vitale
et mentale afin de pouvoir orienter son attention et son action
vers une dimension sacrée, supérieure à lego
et au mental.
Lactivité de prârthanâ, comme une action
éclairée, peut être dirigée vers une
personne quon veut aider et servir [seva]. Elle peut aussi
prendre la forme dun devoir quon doit accomplir [Karma,
Dharma], de létude dun livre ou
de soi-même afin de sinstruire et séclairer
[pârâyana, svâdhyâya], et de la communion
avec lEtre Suprême à travers la conscience
intérieure [yoga]. Work is worship:
Bien faire son métier est une forme de prière.
Prârthana, comme une expression de Yoga, exige quon
dirige son attention de lextérieur vers lintérieur;
cest pour cela quon ferme les yeux pour prier.
Lattention est dirigée intérieurement vers
lesprit supérieur [dhy] en nous. Dhy
est seul habilité à nous connecter avec lâme
qui habite le cur de tous. Et cest à
travers le cur quon peut communier avec lEtre
Suprême et recevoir sa grâce, son intelligence, sa
lumière et son énergie afin datteindre
le bonheur, le succès, lépanouissement, la
réalisation et lillumination. LEtre Suprême
nest pas une dimension éloignée de lhomme.
Cest la véritable nature profonde et éternelle
de lhomme.
4 Etapes de Prârthanâ:
1. Abandonner la dimension matérielle qui nous emprisonne et nous contraint
2. Se libérer de lemprise de lesprit inférieur, de lego- extérieurement à travers le déplacement vers un temple et les pratiques telles que pouja, bhajan, japa et seva
3. Se diriger vers la dimension spirituelle intérieure à travers la pratique de Pratyâhâra, Dhârana, transe spirituelle
4. Recevoir la grâce et lillumination à travers
la communion avec lâme- à travers Dhyâna
et Samâdhi
Selon lHindouisme, lEtre Suprême est Aum, Tat,
Sat, Brahma. Il est la Source Cosmique de lunivers
et du corps [bhouh], La Conscience Indivisible qui est le support
de lévolution et des émotions [bhouvah] et
le fondement de lesprit et du bonheur [swah]. Il est
seul digne dêtre adoré et contemplé
comme Lumière Divine Incréée, qui détient
le pouvoir de nous guider et nous illuminer de lintérieur.
(Voir Gâyatri Mantra).
Il ny a que celui qui a pu élever sa conscience jusque lâme, lêtre, qui va réussir à faire descendre lénergie divine dans son esprit. Avec laide de cette énergie divine, de cette grâce, qui prend la forme dune grande clarté desprit, il peut aisément résoudre les problèmes, éviter les difficultés et obstacles, et finalement connaître et partager le bonheur de la vie. Ainsi dans lacte de Prârthanâ ce nest pas tant lEtre Suprême, Dieu, qui est laspect primordial. Cest en réalité notre propre capacité et intensité de vouloir nous libérer de lemprise de lesprit inférieur et de nous lier avec lâme qui est la véritable clé qui sert à ouvrir la porte du bonheur. On peut obtenir cette capacité et cette intensité grâce à la pratique de Yoga en:
Rejetant les mauvaises tendances [yamas]
Développant les bonnes attitudes [Niyamas]
Développant une souplesse et une résistance physique [Asana]
Accumulant lénergie vitale grâce à lharmonisation du souffle [Prânâyâma]
Rétractant les sens vers lintérieur [Pratyâhâra]
Concentrant lénergie vitale sur le centre de lesprit [Dhârana]
Maintenant une attention soutenue, sans distraction sur le but à atteindre [Dhyâna]
Communiant avec lEtre Suprême à travers le cur [Samâdhi]
La pratique de Yoga conduit à
Moukti: la délivrance du mal et de la souffrance
Moksha: la destruction de lillusion et de la bêtise; la responsabilisation
Sâkshâtkâra: la réalisation directe de la vérité qui triomphe toujours
Siddhi: la réussite et le bonheur dans toutes les entreprises
Loka sangraha: le bien être du monde entier [Shânti et Svasti]
Obstacle Majeur à Prârthanâ:
Lego, son attachement démesuré à la dimension inférieure des sens et des objets matériels, et aussi un excès dengagements et dactivités mondaines bloquent lesprit au niveau inférieur et lempêchent de sélever à la dimension cachée supérieure. Par contre, celui dont lesprit sest connecté avec la dimension supérieure agit déjà en harmonie avec la loi de Dharma, qui procure lépanouissement et le bonheur. Celui-là na pas besoin de sadonner aux pratiques élémentaires de la prière, tels les rites, etc. Il peut toutefois, sil le désire, sengager dans la voie de la méditation afin de se développer davantage.
Autres Aspects de Prârthanâ:
Prârthanâ peut aussi être un moyen par lequel le désir et la volonté sassocient afin de trouver une solution durable aux problèmes de la vie et afin dêtre intérieurement inspirés [prachodayât] à bien agir et vivre dans le monde. La prière ne doit jamais devenir un prétexte pour transférer nos problèmes et responsabilités sur autrui ou sur Dieu. «Aide-toi et le Ciel taidera» dit la Bible. Ce Ciel nest autre que lespace infini de la conscience de lêtre dans lequel on pénètre pendant la méditation.
Prârthanâ est une attitude douverture de soi vers une dimension intérieure supérieure, qui exige que lon sorte de son espace limité, désordonné, malsain afin de sélever dans un autre espace plus vaste, plus libre, plus serein, mieux ordonné et plus sain. Le but de prârthanâ est davoir la connaissance de Dharma et datteindre le bonheur à travers la pratique de Dharma. (Voir: Stoutâ mayâ varadâ vedamâtâ Chapitre 8) Cela requiert une harmonisation de la parole, de la pensée et du sentiment [trikarana-shouddhi].
Il y a pas mal de gens qui tournent leur attention vers les idoles [mourthi, prathimâ] et se concentrent pendant les rites de poujâ. Ces idoles, qui ne sont que des symboles et représentations des énergies et forces de lEtre, agissent en réalité comme une éponge et comme un tirelire. Ils captent lénergie quon dégagent pendant la concentration et en constitue un réservoir. Quand on est en difficulté et quon lance un appel à laide, on est connecté à ce réservoir psychique et on peut sen servir. La proportion de laide psychique quon va recevoir dépendra de la quantité de réserve dont chaque dévot dispose à la banque dénergie. Les méditants, par contre, ne se servent pas didoles ni dicônes; ils conservent leur réserve dénergie dans les chakras, plus particulièrement au Trikouti. Les chakras ont une plus grande capacité de stockage dénergie, qui sont constamment à la disposition immédiate du méditant. A titre de comparaison, les idoles sont comme des disquettes alors que les chakras sont comme des DVD-rom. Ce quil faut toujours savoir cest que les dieux ne peuvent pas vraiment nous aider; cest notre propre réserve dénergie qui le fait. Le vrai dieu qui peut nous aider nest autre que nous-même! Aide-toi et le Ciel taidera
Types de Prârthanâ:
Inférieure et indirecte: le regard, lesprit, le sentiment et laction sont dirigés vers un objet externe à travers les rites, les cérémonies et les supplications adressés aux dieux, idoles et icônes. [Bâhya Poujâ]
Supérieure et directe: diriger son attention vers la dimension intérieure supérieure, qui est la Source de notre existence, Antarâtmâ. Ici, on na pas besoin de rite, de cérémonie ni de parole. Dans ce contexte, il y a le Atmâ Poujâ Upanishad, quon voudrait vous présenter ici afin dillustrer le type de Poujâ/Prārthanā supérieure et directe. Traditionnellement, la bâhya poujâ, ladoration externe, est composée de seize étapes, shodashaupachâra. Le Atmâ Poujâ Upanishad décrypte ces seize éléments et nous révèle leurs significations ésotériques. Enrichissez vous!
Dhyânam La Méditation: est la constante contemplation de Cela [Tat]
Âhvâhanam linvocation: est la dissolution de la cause de toutes les actions
Âsanam le siège : est une attention qui ne vacille pas
Pâdyam leau de purification: lélévation de lesprit (par la pureté)
Arghyam loffrande: est un esprit orienté vers Cela
Snânam le bain préparatoire: rester constamment ancré dans lillumination intérieure et dans linfinité du nectar intérieur
Gandham le véritable parfum: est la capacité de ressentir Cela partout
Akshatâm le riz de loffrande: consiste à rester bien établi dans sa propre nature de témoin [aksha]
Poushpam les fleurs de ladoration: signifient être imprégné de la pure conscience
Dhoûpam lencens: la nécessité dallumer la flamme de lattention éveillée en soi
Dîpam la lampe: rester établi dans la lumière de lattention
Naivedyam loffrande de nourriture: laccumulation du nectar qui découle de la pleine lune intérieure
Pradakshinâm la circumambulation autour de Cela: limmobilité intérieure
Namaskâram la salutation: le sentiment de Je suis Cela [Soham]
Poûjâ la prière est le Silence
Visarjanam la dispensation du rituel dadoration est la satisfaction totale
Celui qui le réalise ainsi est une personne illuminée. «Je suis lEtre Suprême, absolu et pur»: réalisant cela constitue la libérationMoksha
Ainsi se termine le Atmâ Poûjâ [ladoration de lâme] Upanishad
Pour terminer ce chapitre, examinons ensemble quelques versets extraits du KENA OUPANISHAD
(Kena= Par Qui, Par Quoi)
I
1. Dirigé par qui, le mental illumine-t-il ses objets? Ordonné par qui, le premier soufflé sactive? Inspirés par qui, les hommes ont pu faire usage de la parole? Qui est ce principe qui règne sur la vision et l ouie?
2. Il est loreille de loreille, lesprit de lesprit, la parole de la parole, le souffle du souffle, lil de lil. Ainsi, les sages, en abandonnant ceux-là et quittant ce monde, atteignent limmortel.
3. Lil ne peut y aller, ni la parole ni la pensée. Nous ne le connaissons point, nous ne le comprenons point, comment pouvons nous vous instruire sur ce sujet?
4. En effet, cest en dehors du connu et aussi au-delà de linconnu. Cest ainsi quon a entendu parler les anciens qui lont expliqué à nous.
5. Ce qui ne peut être exprimé par la parole, mais par qui la parole sexprimeréalise cela comme Brahman [lEtre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.
6. Ce qui nest pas imaginable par le mental, mais par qui, disent-ils, le mental est doté de la capacité dimaginer réalise cela comme Brahman [lEtre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.
7. Ce qui nest pas visible à lil mais par qui lil est doté de la capacité de vision-- réalise cela comme Brahman [lEtre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.
8. Ce qui nest pas audible à loreille mais de qui loreille obtient sa capacité daudition-- réalise cela comme Brahman [lEtre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.
9. Ce qui nest pas inspiré par le souffle, mais qui permet au souffle de respirer-- réalise cela comme Brahman [lEtre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.
II.
1. Si vous pensez que vous connaissez la nature de Brahman, eh bien, il est certain que vous ne connaissez que peu, que vous soyez humains ou devas. Ainsi, ce que vous pensez connaître doit être examiné davantage.
2. Je ne pense pas bien le connaître. Ni je pense que je ne le connaisse pas. Parmi nous, qui le connaît le sait. Et même lui ne sait pas quil ne le connaît pas.
3. Par celui qui ne le conçoit pas- il est connu. Celui qui le conçoit ne le connaît pas vraiment. Il nest pas vraiment compris par ceux qui le comprennent; il est vraiment compris par ceux qui ne le comprennent pas.
4. Quand il est réalisé à travers chaque instant conscient, il est connu comme il se doit, et grâce à cela on atteint la vie éternelle. A travers son propre soi il obtient le courage et à travers sa réalisation il atteint limmortel.
5. Si quelquun ici le réalise, alors la vérité existe. Mais si on ne le réalise pas, il y a une énorme perte. Donc, voyant le Réel en tous les êtres, les sages atteignent limmortel en quittant ce monde.
IV
3. Cest le soi intime et profond des tout le monde et de ce fait il est très accessible et cher à tous. Et il faut méditer dessus comme tel. Tous ceux qui méditent ainsi sont à sa recherche.
5. Leffort créatif constant [tapo], la maîtrise de soi [dama] et laction éclairée [karma] constituent son fondement. Les Védas [les branches de la vraie science] représentent tous ses membres. Et la vérité est sa demeure.
6.. Celui qui a réalisé cela- en effet il saffranchit du péché et jusquà la fin reste fermement établi dans la dimension du bonheur suprême [svarge loke]. En effet, sans aucun doute, il y demeure fermement.