DHYANESHVARI

La Science de la Méditation et de la Spiritualité

CHAPITRE  7   
 

 PRARTHANA   
 

Prârthanâ Pra: avant tout, suprême, artha: sens, richesse, effort,  : comprendre, recevoir à travers Dhyâna et aussi partager.  Elle est également connue comme Oupâsanâ, s’asseoir près de son être pour connaître et recevoir la grāce.  Prârthanâ désigne une activité qui est dirigée par la compréhension d’une réalité spirituelle et qui agit en harmonie avec la totalité.  Par ailleurs, Prârthanâ indique l’effort qu’on doit faire afin d’arriver avant tout à connaître la Source de l’existence, l’âme, et la place et le rôle de l’individu dans le monde.  Ensuite, communier avec cette Source à travers la méditation et recevoir la richesse de la grāce que dispense la Source. (Voir mantra: Shanno devir abhishtaya)   
 

Prârthanâ est Yoga, le chemin de Dharma, de l’harmonie, qui conduit au bonheur et à l’épanouissement de l’individu et du monde qui l’entoure.  Prârthanâ, comme une préparation à la méditation, est une activité consciente et volontaire par laquelle on se libère momentanément des occupations et préoccupations mondaines liées à l’ego, son plaisir, sa souffrance, ses préoccupations, son pouvoir et sa position sociale.  Ensuite, on accumule suffisamment d’énergie vitale et mentale afin de pouvoir orienter son attention et son action vers une dimension sacrée, supérieure à l’ego et au mental. 
 

L’activité de prârthanâ, comme une action éclairée, peut être dirigée vers une personne qu’on veut aider et servir [seva]. Elle peut aussi prendre la forme d’un devoir qu’on doit accomplir [Karma, Dharma], de l’étude d’un livre ou de soi-même afin de s’instruire et s’éclairer [pârâyana, svâdhyâya], et de la communion avec l’Etre Suprême à travers la conscience intérieure [yoga].  Work is worship: Bien faire son métier est une forme de prière.
 

Prârthana, comme une expression de Yoga, exige qu’on dirige son attention de l’extérieur vers l’intérieur; c’est pour cela qu’on ferme les yeux pour prier.  L’attention est dirigée intérieurement vers l’esprit supérieur [dhy] en nous.   Dhy est seul habilité à nous connecter avec l’âme qui habite le cœur de tous.  Et c’est à travers le cœur qu’on peut communier avec l’Etre Suprême et recevoir sa grâce, son intelligence, sa lumière et  son énergie afin d’atteindre le bonheur, le succès, l’épanouissement, la réalisation et l’illumination.  L’Etre Suprême n’est pas une dimension éloignée de l’homme.  C’est la véritable nature profonde et éternelle de l’homme.
 

4 Etapes de Prârthanâ:

            1. Abandonner la dimension matérielle qui nous emprisonne et nous contraint

            2. Se libérer de l’emprise de l’esprit inférieur, de l’ego- extérieurement à travers le déplacement vers un temple et les pratiques telles que pouja, bhajan, japa et seva

            3. Se diriger vers la dimension spirituelle intérieure à travers la pratique de Pratyâhâra, Dhârana, transe spirituelle

            4. Recevoir la grâce et l’illumination à travers la communion avec l’âme- à travers Dhyâna et Samâdhi   
 

Selon l’Hindouisme, l’Etre Suprême est Aum, Tat, Sat, Brahma.  Il est la Source Cosmique de l’univers et du corps [bhouh], La Conscience Indivisible qui est le support de l’évolution et des émotions [bhouvah] et le fondement de l’esprit et du bonheur [swah].  Il est seul digne d’être adoré et contemplé comme Lumière Divine Incréée, qui détient le pouvoir de nous guider et nous illuminer de l’intérieur. (Voir Gâyatri Mantra).   
 

Il n’y a que celui qui a pu élever sa conscience jusque l’âme, l’être, qui va réussir à faire descendre l’énergie divine dans son esprit.  Avec l’aide de cette énergie divine, de cette grâce, qui prend la forme d’une grande clarté d’esprit, il peut aisément résoudre les problèmes, éviter les difficultés et obstacles, et finalement connaître et partager le bonheur de la vie. Ainsi dans l’acte de Prârthanâ ce n’est pas tant l’Etre Suprême, Dieu, qui est l’aspect primordial.  C’est en réalité notre propre capacité et intensité de vouloir nous libérer de l’emprise de l’esprit inférieur et de nous lier avec l’âme qui est la véritable clé qui sert à ouvrir la porte du bonheur.  On peut obtenir cette capacité et cette intensité grâce à la pratique de Yoga en:

 

La pratique de Yoga conduit à

 

Obstacle Majeur à Prârthanâ:

     L’ego, son attachement démesuré à la dimension inférieure des sens et des objets matériels, et aussi un excès d’engagements et d’activités mondaines bloquent l’esprit au niveau inférieur et l’empêchent de s’élever à la dimension cachée supérieure. Par contre, celui dont l’esprit s’est connecté avec la dimension supérieure agit déjà en harmonie avec la loi de Dharma, qui procure l’épanouissement et le bonheur.  Celui-là n’a pas besoin de s’adonner aux pratiques élémentaires de la prière, tels les rites, etc.  Il peut toutefois, s’il le désire, s’engager dans la voie de la méditation afin de se développer d’avantage.   

 

Autres Aspects de Prârthanâ:

            Prârthanâ peut aussi être un moyen par lequel le désir et la volonté s’associent afin de trouver une solution durable aux problèmes de la vie et afin d’être intérieurement inspirés [prachodayât] à bien agir et vivre dans le monde.  La prière ne doit jamais devenir un prétexte pour transférer nos problèmes et responsabilités sur autrui ou sur Dieu.  «Aide-toi et le Ciel t’aidera» dit la Bible.  Ce Ciel n’est autre que l’espace infini de la conscience de l’être dans lequel on pénètre pendant la méditation.

            Prârthanâ est une attitude d’ouverture de soi vers une dimension intérieure supérieure, qui exige que l’on sorte de son espace limité, désordonné, malsain afin de s’élever dans un autre espace plus vaste, plus libre, plus serein, mieux ordonné et plus sain.  Le but de prârthanâ est d’avoir la connaissance de Dharma et d’atteindre le bonheur à travers la pratique de Dharma.  (Voir: Stoutâ mayâ varadâ vedamâtâChapitre 8)  Cela requiert une harmonisation de la parole, de la pensée et du sentiment [trikarana-shouddhi].

            Il y a pas mal de gens qui tournent leur attention vers les idoles [mourthi, prathimâ] et se concentrent pendant les rites de poujâ.  Ces idoles, qui ne sont que des symboles et représentations des énergies et forces de l’Etre, agissent en réalité comme une éponge et comme un tirelire.  Ils captent l’énergie qu’on dégagent pendant la concentration et en constitue un réservoir.  Quand on est en difficulté et qu’on lance un appel à l’aide, on est connecté à ce réservoir psychique et on peut s’en servir.  La proportion de l’aide psychique qu’on va recevoir dépendra de la quantité de réserve  dont chaque dévot dispose à la banque d’énergie.  Les méditants, par contre, ne se servent pas d’idoles ni d’icônes; ils conservent leur réserve d’énergie dans les chakras, plus particulièrement au Trikouti.  Les chakras ont une plus grande capacité de stockage d’énergie, qui sont constamment à la disposition immédiate du méditant.  A titre de comparaison, les idoles sont comme des disquettes alors que les chakras sont comme des DVD-rom.  Ce qu’il faut toujours savoir c’est que les dieux ne peuvent pas vraiment nous aider; c’est notre propre réserve d’énergie qui le fait.  Le vrai dieu qui peut nous aider n’est autre que nous-même!  Aide-toi et le Ciel t’aidera…

 

Types de Prârthanâ:

            Inférieure et indirecte: le regard, l’esprit, le sentiment et l’action sont dirigés vers un objet externe à travers les rites, les cérémonies et les supplications adressés aux dieux, idoles et icônes. [Bâhya Poujâ]

            Supérieure et directe: diriger son attention vers la dimension intérieure supérieure, qui est la Source de notre existence, Antarâtmâ.  Ici, on n’a pas besoin de rite, de cérémonie ni de parole. Dans ce contexte, il y a le Atmâ Poujâ Upanishad, qu’on voudrait vous présenter ici afin d’illustrer le type de Poujâ/Prārthanā supérieure et directe. Traditionnellement, la bâhya poujâ, l’adoration externe, est composée de seize étapes, shodashaupachâra.  Le Atmâ Poujâ Upanishad décrypte ces seize éléments et nous révèle leurs significations ésotériques.  Enrichissez vous!

 

ATMA POÛJÂ UPANISHAD   
 

AUM   
 

Dhyânam –La Méditation: est la constante contemplation de Cela [Tat]

Âhvâhanam —l’invocation: est la dissolution de la cause de toutes les actions

Âsanam — le siège : est une attention qui ne vacille pas

Pâdyam — l’eau de purification: l’élévation de l’esprit (par la pureté)

Arghyam —l’offrande: est un esprit orienté vers Cela

Snânam —le bain préparatoire: rester constamment ancré dans l’illumination intérieure et dans l’infinité du nectar intérieur

Gandham —le véritable parfum: est la capacité de ressentir Cela partout

Akshatâm —le riz de l’offrande: consiste à rester bien établi dans sa propre nature de témoin [aksha]

Poushpam —les fleurs de l’adoration: signifient être imprégné de la pure conscience

Dhoûpam —l’encens: la nécessité d’allumer la flamme de l’attention éveillée en soi

Dîpam —la lampe: rester établi dans la lumière de l’attention

Naivedyam —l’offrande de nourriture: l’accumulation du nectar qui découle de la pleine lune intérieure

Pradakshinâm —la circumambulation autour de Cela: l’immobilité intérieure

Namaskâram —la salutation: le sentiment de “Je suis Cela” [Soham]

Poûjâ —la prière est le Silence

Visarjanam —la dispensation du rituel d’adoration est la satisfaction totale

Celui qui le réalise ainsi est une personne illuminée.  «Je suis l’Etre Suprême, absolu et pur»: réalisant cela constitue la libération—Moksha

Ainsi se termine le “Atmâ Poûjâ [l’adoration de l’âme] Upanishad”

 

Pour terminer ce chapitre, examinons ensemble quelques versets extraits du KENA OUPANISHAD

(Kena= Par Qui, Par Quoi)

I

1.         Dirigé par qui, le mental illumine-t-il ses objets?  Ordonné par qui, le premier soufflé s’active?  Inspirés par qui, les hommes ont pu faire usage de la parole?  Qui est ce principe qui règne sur la vision et l’ ouie?

2.         Il est l’oreille de l’oreille, l’esprit de l’esprit, la parole de la parole, le souffle du souffle, l’œil de l’œil.  Ainsi, les sages, en abandonnant ceux-là et quittant ce monde, atteignent l’immortel.

3.         L’œil ne peut y aller, ni la parole ni la pensée. Nous ne le connaissons point, nous ne le comprenons point, comment pouvons nous vous instruire sur ce sujet?

4.         En effet, c’est en dehors du connu et aussi au-delà de l’inconnu.  C’est ainsi qu’on a entendu parler les anciens qui l’ont expliqué à nous.

5.         Ce qui ne peut être exprimé par la parole, mais par qui la parole s’exprime—réalise cela comme Brahman [l’Etre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.

6.         Ce qui n’est pas imaginable par le mental, mais par qui, disent-ils, le mental est doté de la capacité d’imaginer – réalise cela comme Brahman [l’Etre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.

7.         Ce qui n’est pas visible à l’œil mais par qui l’œil est doté de la capacité de vision-- réalise cela comme Brahman [l’Etre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.

8.         Ce qui n’est pas audible à l’oreille mais de qui l’oreille obtient sa capacité d’audition-- réalise cela comme Brahman [l’Etre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.

9.         Ce qui n’est pas inspiré par le souffle, mais qui permet au souffle de respirer-- réalise cela comme Brahman [l’Etre Suprême] et pas ce que les gens adorent ici-bas.

II.

1.         Si vous pensez que vous connaissez la nature de Brahman, eh bien, il est certain que vous ne connaissez que peu, que vous soyez humains ou devas.  Ainsi, ce que vous pensez connaître doit être examiné d’avantage.

2.         Je ne pense pas bien le connaître.  Ni je pense que je ne le connaisse pas.  Parmi nous, qui le connaît le sait.  Et même lui ne sait pas qu’il ne le connaît pas.

3.         Par celui qui ne le conçoit pas- il est connu.  Celui qui le conçoit ne le connaît pas vraiment.  Il n’est pas vraiment compris par ceux qui le comprennent; il est vraiment compris par ceux qui ne le comprennent pas.

4.         Quand il est réalisé à travers chaque instant conscient, il est connu comme il se doit, et grâce à cela on atteint la vie éternelle.  A travers son propre soi il obtient le courage et à travers sa réalisation il atteint l’immortel. 

5.         Si quelqu’un ici le réalise, alors la vérité existe.  Mais si on ne le réalise pas, il y a une énorme perte.  Donc, voyant le Réel en tous les êtres, les sages atteignent l’immortel en quittant ce monde.

 

IV

3.         C’est le soi intime et profond des tout le monde et de ce fait il est très accessible et cher à tous.  Et il faut méditer dessus comme tel.  Tous ceux qui méditent ainsi sont à sa recherche.

5.         L’effort créatif constant [tapo], la maîtrise de soi [dama] et l’action éclairée [karma] constituent son fondement.  Les Védas [les branches de la vraie science] représentent tous ses membres.  Et la vérité est sa demeure.

6..        Celui qui a réalisé cela- en effet il s’affranchit du péché et jusqu’à la fin reste fermement établi dans la dimension du bonheur suprême [svarge loke].  En effet, sans aucun doute, il y demeure fermement.

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DHYANESHVARI-Chapitre 8 8

 

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